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Maria do Rosário Bettencourt — Canção do velho poeta

1 octobre 2011

Voir aussi : Maria do Rosário Bettencourt — Verdes campos, verde vida

Maria do Rosário Bettencourt
Maria do Rosário Bettencourt (1933-….)

Je trouve étonnant qu’il n’ait pour ainsi dire pas été fait cas de cette chanteuse. Il y a ce timbre si frappant — je ne peux pas dire à quel point il me plaît. Il est possible que cet avis ne soit pas partagé, d’ailleurs ce n’est pas un avis, ni une opinion, c’est comme s’il y avait en moi un endroit précis du système nerveux qui réagissait à cette voix. Je ne sais pas comment il se débrouille le système nerveux, je ne sais pas comment ça marche ; mais dans ce cas — celui d’entendre Maria do Rosário Bettencourt — il prend le pas sur les autres systèmes qu’on a en soi.

Non seulement il y a cette voix, mais aussi le répertoire. Maria do Rosário Bettencourt chantait Pessoa ou Camões. Amália avait ouvert la voie pour Camões, à son corps défendant d’ailleurs (un jour je ferai un petit quelque chose sur cette affaire), mais elle n’a jamais chanté Pessoa. Jamais. Disant qu’il n’était pas chantable. « O Pessoa não é para cantar », je crois que ce sont ses mots. De sorte que Maria do Rosário est probablement la première à l’avoir fait. D’ailleurs dans les années 60-70, très peu de fadistes chantaient de la poésie érudite.

Cette Canção do velho poeta (Chanson du vieux poète) est composée par Maria do Rosário Bettencourt elle-même sur un poème d’un des grands écrivains portugais du XXe siècle, José Régio (1901-1969). À ma connaissance seule Amália l’avait interprété jusqu’alors (Fado português, musique d’Alain Oulman, 1965).

José Régio est connu pour s’être illustré dans quasiment tous les genres littéraires, y compris celui qui par excellence est portugais, la poésie. Il l’avait pourtant délaissé dans la dernière partie de sa vie. Ce poème est un des derniers qu’il ait écrit, sinon le dernier (il est mort peu de temps après). Canção do velho poeta marquait son retour à la poésie, ses retrouvailles avec le « jeune aventurier », le « troubadour », l’ « amoureux », l’ « illusionniste » — c’est à dire le poète qui l’habite.

Je ne sais pas qui sont les musiciens. Belle guitare portugaise. L’année d’enregistrement non plus n’est pas mentionnée (début des années 1970 probablement).

[Pour écouter cliquer sur le triangle gris]
Canção do velho poeta / Maria do Rosário Bettencourt, chant et musique ; José Régio, paroles. Companhia Nacional de Música, distrib. Années 1970.

Canção do velho poeta

Moço aventureiro
Que os primeiros passos
Desprendes, ligeiro,
Com mira aos espaços,
Velho pouco posso, tudo mal consigo,
Mas irei contigo.

Moço trovador
Que inda pelos dedos
Medes a rigor
Teus subtis segredos
Nem que nenhum verso já persiga, — sigo :
Rimarei contigo.

Moço apaixonado
Que do amor nem sonhas
Que o menino alado
Tem manhas medonhas,
Do amor já sei tudo! Mesmo assim te digo
Que amarei contigo.

Moço ilusionista
Que a vida resumes
A acender na pista
Teus fingidos lumes,
Nem que nem no engano possa achar abrigo,
Fingirei contigo.

[Velho grande atleta
Gasto já nas lutas
Por não sei que meta
Que até fim disputas,
Mesmo se encolhido ao mais pueril perigo,
Lutarei contigo.]

Nunca nada tive,
Menos tenho ao fim.
Nunca de si vive
Quem vem ao que vim.
Parto, mas cantando. Meu mundo inimigo,
Mesmo que me expulses, ficarei contigo.
José Régio (1901-1969). Canção do velho poeta (1969).

Chanson du vieux poète

Jeune aventurier
Qui t’élances, léger
Pour tes premières foulées
Les yeux grands ouverts sur le monde
La vieillesse m’use, tout m’est difficile
Mais j’irai avec toi.

Jeune troubadour
Toi dont les doigts
Sont encore chiches
De tes subtils secrets
Même si je ne poursuis plus aucun vers — je continue :
Je rimerai avec toi.

Jeune amoureux
Qui te crois indifférent à l’amour
Car l’enfant ailé
A des ruses terribles
De l’amour, moi je sais déjà tout. Cependant je te dis
Que j’aimerai avec toi.

Jeune illusionniste
Toi pour qui la vie
C’est éclairer la piste
De tes braises inventées
Bien que même dans l’illusion je n’aie plus de refuge
Je feindrai avec toi.

J’ai toujours été sans rien,
Me voici plus démuni encore.
Jamais il ne vit solitaire
Celui qui accueille ce qui vient
Je pars, mais je chante. Mon univers ennemi,
Bien que tu m’expulses, je resterai avec toi.
José Régio (1901-1969). Canção do velho poeta (1969). Traduction L. & L.

L. & L.

Canção do velho poeta se trouve par exemple dans :
As sete colinas do fado (CNM ; 2005)

Sete colinas. CNM, 2005As sete colinas do fado / Manuel De Almeida, Cidália Moreira, Rodrigo… [et al.], chant. — [Lisboa] : Companhia Nacional de Música, 2005. — (A canção de Portugal).

Varina de olhar gaiato / Manuel De Almeida. Miúdo da rua / Cidália Moreira. Cais do Sodré / Rodrigo. Silêncio coração / Manuel Lemos. Oh! Ferreiro bate o malho / Maria Armanda. Chico do cais do Sodré / António Ferreira. Perdi meu amor / Rosa Maria. Sombras da noite / Manuel De Almeida. Canção do velho poeta / Maria Do Rosário Bettencourt. História do fado / Rodrigo. Rosas da Madragoa / Cidália Moreira. Recado a Portugal / Carlos Macedo. Fado e toiros / Manuel De Almeida. O ardinita / Rodrigo.

CNM CNMB 151 CD. — EAN 5606265000660.

Disponible sur CDGO, CNM
Télécharger Canção do velho poeta sur Amazon

Maria do Rosário Bettencourt sur le site du Museu do fado (Lisbonne). En portugais.

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