Fado Pintadinho. 4. Artur Batalha
Fait suite à :
- Fado Pintadinho. 1. Maria Teresa de Noronha
- Fado Pintadinho. 2. Ana Moura
- Fado Pintadinho. 3. Camané
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Artur Batalha, l’ex « Prince du fado » aujourd’hui âgé de 73 ans, est l’un des derniers survivants d’un âge d’or du fado, celui d’une manière désormais pour ainsi dire éteinte ; celui d’un chant spontanément conduit et maîtrisé, de l’art de jouer avec le rythme (rubato) et avec les dynamiques. Pensez, il a commencé à chanter à 9 ans, en 1960 ! Après ceux d’Ana Moura et de Camané, son Pintadinho, enregistré vers 1980, résonne comme un retour à la couleur, au caractère, à une certaine élégance.
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Artur Batalha (né en 1951) • Pintadinho. Quatrains d’auteurs divers (Moita Girão, Barreto Coutinho, José Afonso, Gabriel de Oliveira) ; José António Sabrosa, musique (Fado Pintadinho).
Artur Batalha, chant ; Armindo Fernandes & Arménio de Melo, guitare portugaise ; Martinho d’Assunção & Vital d’Assunção, guitare.
Enregistrement : Lisbonne, studio Musicorde.
Première publication : album É mais fado / Artur Batalha. Portugal, Metro-Som, [1980 ?].
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Le texte est fait de quatre quatrains pris dans des poèmes d’auteurs divers – parmi lesquels José Afonso –, tous chantés sur d’autres musiques par leurs créatrices et créateurs respectifs (successivement : Fernando Maurício, Maria do Rosário Bettencourt, José Afonso et Amália Rodrigues).
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Ouvi um fado sem nome
Numa voz entristecida
Não sei porquê recordou-me
O fado da minha vida
J’ai entendu un fado sans nom
Qu’une voix triste chantait.
Qui sait pourquoi il m’a rappelé
Le fado de ma propre vie.
Moita Girão. Fado sem nome (19??).
Moita Girão. Fado sans nom. Extrait, traduit de Fado sem nome (19??) par L. & L.
Eu vi minha mãe rezando
Aos pés da virgem Maria
Era uma santa escutando
O que outra santa dizia
J’ai vu ma mère prier
Devant la vierge Marie,
Telle une sainte écoutant
Ce qu’une autre sainte disait.
Barreto Coutinho (1893-1975). Mãe querida (Eu vi minha mãe rezando) (1912). Extrait.
Barreto Coutinho (1893-1975). Mère aimée (J’ai vu ma mère prier). Extrait, traduit de Mãe querida (Eu vi minha mãe rezando) (1912) par L. & L.
Ó minha mãe, minha mãe,
Ó minha mãe, minha amada
Quem tem uma mãe tem tudo
Quem não tem mãe, não tem nada
Ô ma mère, ma mère,
Ô ma mère aimée !
Quand on a une mère on a tout,
Quand on n’en a pas on n’a rien.
José Afonso (1929-1987). Minha mãe (1964).
José Afonso (1929-1987). Ma mère. Extrait, traduit de Minha mãe (1964) par L. & L.
Nenhum fadista tem sorte,
Rogai por nós, Virgem mãe,
Agora, sempre e também
Na hora da nossa morte
Les fadistes n’ont pas de chance.
Priez pour nous, sainte Vierge,
Maintenant, toujours,
Et à l’heure de notre mort.
Gabriel de Oliveira (1891-1953). Ave Maria fadista (vers 1947).
Gabriel de Oliveira (1891-1953). Ave Maria fadiste. Extrait, traduit de Ave Maria fadista (vers 1947) par L. & L.
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Cette rapide évocation du fado Pintadinho se clôt comme elle a commencé, avec Maria Teresa de Noronha, sa créatrice et dédicataire. Il s’agit encore une fois d’une captation publique, datée du 14 février 1963.
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Maria Teresa de Noronha (1918-1993) • Fado Pintadinho. José Mariano, paroles ; José António Sabrosa, musique ; Maria Teresa de Noronha, arrangement.
Maria Teresa de Noronha, chant ; Raul Nery, guitare portugaise ; Joaquim do Vale, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Enregistrement public : Lisbonne, Pavilhão dos desportos, 14 février 1963.
Première publication : coffret Maria Teresa de Noronha : integral. Portugal, Ed. Valentim de Carvalho, ℗ 2018.
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Merci pour cette petite série sur le Pintadinho qui montre une belle diversité d’interprétations. Même Mauricio a le droit à un petit compliment au passage !
Je vous trouve un peu dur tout de même avec Ana Moura. Certes son interprétation est un peu froide, mais au moins vocalement c’est impeccable. Et les qualités qui lui manquent sont de toute manière bien rares parmi les fadistes de sa génération. Pour Camané, même si son interprétation est incontestablement fadiste, elle manque pour moi vraiment de passion, et la petite montée finale est moins bien gérée que chez ses concurrents.
Quant à Batalha, je suis d’accord avec vous sa version me semble très réussie. Il a de belles qualités vocales et une sorte de naturel à chanter cette musique qui signalent tout de suite l’enfant des anciens quartiers populaires de Lisbonne. En revanche sur le plan personnel il n’a pas l’air d’aller très bien. Son fils s’est fait assassiner il y a trois ans et depuis on le voit de moins en moins dans les maisons de fado, et souvent passablement éméché. Je l’ai aperçu il y a quelques mois à Alfama, attablé seul devant un verre de rouge, le regard perdu dans le vide. C’était un peu triste à voir (et malgré tout très fadiste dans le fond…).
Je ne suis pas de votre avis quant à Ana Moura : je trouve son Pintadinho poussif et à la limite de la justesse. Par ailleurs elle n’est pas une fadiste. Elle en a d’ailleurs pris acte elle-même dans ses derniers enregistrements. Au moment de la parution de son dernier album, Casa Wilhelmina, elle disait dans une interview être au préalable entrée en studio pour enregistrer un nième album de fado, et s’être rendu compte alors qu’elle n’avait « rien à dire » (c’étaient ses mots). Elle a tout simplement annulé la session d’enregistrement et travaillé à la conception de quelque chose d’autre. Elle a bien fait. J’aime bien sa voix et son album est plutôt réussi.
Pour Camané oui, je le trouve moi aussi assez ennuyeux, mais il porte en lui une forme d’affliction, de douleur, qui l’orientent presque naturellement vers le fado, mais qu’il ne parvient pas à transformer pleinement en acte artistique. Il manque toujours quelque chose…
Oui, je connais les vicissitudes d’Artur Batalha, il les a lui-même exposées sur les réseaux sociaux. Le pauvre homme. Mais comme vous dites, c’est très fadiste !