Amália Rodrigues • Tive um coração, perdi-o (1980)
Dans quelques jours, le 6, il y aura 25 ans qu’elle est morte.
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Amália Rodrigues (1920-1999) • Tive um coração, perdi-o. Amália Rodrigues, paroles ; José Fontes Rocha, musique.
Amália Rodrigues, chant ; Carlos Gonçalves & José Fontes Rocha, guitare portugaise ; Pedro Leal, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Enregistrement : Paço d’Arcos (Portugal), studios Valentim de Carvalho.
Extrait de l’album Gostava de ser quem era / Amália Rodrigues. Portugal, Valentim de Carvalho, ℗ 1980.
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Tive um coração, perdi-o
Ai quem mo dera encontrar
Preso no fundo do rio
Ou afogado no mar
J’avais un cœur, je l’ai perdu,
Ah, si je pouvais le retrouver !
Pris dans le fond du fleuve
Ou noyé dans la mer.
Quem me dera ir embora
Ir embora sem voltar
A morte que me namora
Já me pode vir buscar
Ah, que je voudrais partir,
Partir, ne pas revenir !
Elle peut venir me prendre,
La mort qui me courtise.
Tive um coração, perdi-o
Ainda o vou encontrar
Preso no lodo do rio
Ou afogado no mar
J’avais un cœur, je l’ai perdu,
Je vais le retrouver,
Pris dans la vase du fleuve
Ou noyé dans la mer.
… … Amália Rodrigues (1920-1999). Tive um coração, perdi-o (1980).
Amália Rodrigues (1920-1999). J’avais un cœur, je l’ai perdu, traduit de : Tive um coração, perdi-o (1980), par L. & L.
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L’album Gostava de ser quem era (1980) marque l’entrée de la carrière d’Amália dans une décennie automnale parfois rigoureuse. La voix montrait des signes de fatigue, déjà audibles dans Cantigas numa língua antiga (1977) et même dans la captation du récital de 1975 à l’Olympia. Les années de l’après Révolution des œillets ont été impitoyables ; Alain Oulman, qui procurait à la fois musiques et poèmes, est à Paris où son métier d’éditeur lui laisse peu de temps pour de nouvelles compositions ; 1979 se termine par une grave crise cardiaque qui sanctionne en quelque sorte cette difficile séquence.
Pendant sa convalescence, Amália redécouvre ses propres poèmes écrits au fil des années. Elle en confie quelques-uns à ses guitaristes, Carlos Gonçalves et José Fontes Rocha, pour qu’ils les mettent en musique. Gostava de ser quem era est le résultat de cette collaboration. Un album qui, quant à son contenu, n’a pas l’éclat de Com que voz (1970) ni de Cantigas numa língua antiga (1977), mais qui recèle ce fado d’une tristesse absolue dans sa simplicité radicale : Tive um coração, perdi-o, un véritable trésor. Trois strophes glaciales, rehaussées par Fontes Rocha d’une musique austère proche d’un Fado menor et d’un accompagnement instrumental âpre, squelettique, qui laisse la voix sans soutien, nue dans sa fragilité.
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Et c’est aussi l’album du splendide « Lavava no rio, lavava », l’un des plus beaux textes qu’Amália ait écrit, je trouve, et qui convient si bien à cette voix crépusculaire…
C’est vrai, mais je lui préfère, et de loin, Tive um coração, je dois dire.