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Fado Carriche. 3. Ricardo Luiz, Cristina Bacelar, Camané

6 juin 2024

Fait suite à :

Un dernier petit tour de Fado Carriche. Ce n’est pas que j’en raffole. Seulement, je constate qu’il est très employé par les chanteurs contemporains, y compris les plus jeunes qui y voient peut-être un thème musical plus accessible que ceux de compositeurs tels qu’Alfredo Marceneiro, Armandinho, Joaquim Campos ou d’autres, et néanmoins labellisé « fado castiço ».

Ricardo Luiz. Folha vazia (2024)

Ce jeune homme, qui se nomme Ricardo Luiz et doit avoir dans les vingt-cinq ans, vient de publier son premier album : Memória(s), aux éditions du Musée du Fado de Lisbonne. On y trouve un Fado Carriche. Les paroles, dont il est l’auteur (exception faite, fait-il savoir, des deux premiers vers, « généreusement offerts par Carminho »), évoquent celles de Escrevi teu nome no vento (voir le billet Fado Carriche. 1. Tristão da Silva, Fernando Maurício (& Carminho)).

Ricardo LuizFolha vazia. Ricardo Luiz, paroles ; Raúl Ferrão, musique (Fado Carriche).
Ricardo Luiz, chant ; André Dias, guitare portugaise ; Bernardo Viana, guitare ; Miguel Teixeira, basse acoustique ; Pedro Azevedo, bugle.
Extrait de l’album Memória(s) / Ricardo Luiz. Portugal, Museu do Fado Discos, ℗ 2024.
Vidéo : Fábio Guarda, réalisation ; Ricardo Luiz, idée originale. Production : Portugal, Museu do Fado | EGEAC, 2024.

Quando até mim chegaste
Com esta folha vazia
O meu coração gelado
No teu frio se confundia

Quand tu m’as apporté
Cette feuille blanche,
Le froid de mon cœur
Se fondait dans le tien.
Sem saber como pôr fim
A tamanho sofrimento
Quis ver na folha branca
A porta do esquecimento

Sans savoir comment mettre fin
À une si grande souffrance,
J’ai voulu voir dans cette feuille blanche
La porte de l’oubli.
Dei a voz ao coração
E pedi-lhe para escrever
O nome do meu amor
Que desejava esquecer

À mon cœur j’ai donné voix
Et je l’ai prié d’y écrire
Le nom de mon amour
Que je désirais oublier.
Peço agora que a leves
Dá-lhe, vento, outro caminho
Quero vê-la a ganhar asas
E a pousar noutro ninho

Je te prie à présent de l’emporter ;
Fais-lui prendre, ô vent, un autre chemin.
Je veux la voir s’envoler
Et se poser dans un nouveau nid.

Ricardo Luiz. Folha vazia (2024).
Ricardo Luiz. Feuille blanche, traduit de : Folha vazia (2024), par L. & L.
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Cristina Bacelar. Não é amor é só alma (2018)

Avec Cristina Bacelar on change d’univers. Cette musicienne (compositrice, guitariste et chanteuse), originaire de Porto, aime les mélanges et se dit attirée surtout par le tango (celui de Piazzolla) et le flamenco — comme on l’entend dans sa version du Fado Carriche.

Cristina BacelarNão é amor é só alma. Cristina Bacelar, paroles ; Raúl Ferrão, musique (Fado Carriche).
Cristina Bacelar, chant ; Rui Pedro Claro, guitare ; Armando Ribeiro, saxophone ; Pedro Silva, percussion.
Extrait de l’album Nem tudo é fado / Cristina Bacelar. Portugal, Sony, ℗ 2018.

Olho pro céu e acredito
Na cor e na sua calma
É tanto o meu sentimento
Não é amor… é só alma!

Je regarde le ciel et je crois
En sa couleur, en son calme.
C’est tellement mon sentiment,
Ce n’est pas de l’amour… Juste de l’âme !
Já não sei o que é maior
Se o dia, a noite ou o lamento
Só sei que o tanto que amámos
Para sempre foi pouco tempo

Je ne sais pas ce qui l’emporte,
Du jour, de la nuit ou de la plainte.
Mais je sais que le peu que nous avons aimé
Pour toujours n’a pas duré.
E por ti trocava tudo
Invertia até o ar
Deixava o vento na terra
O céu no lugar do mar

Et pour toi je changerais tout,
Je renverserais même l’air,
Je remplacerais la terre par le vent
Et la mer par le ciel.
Também o sonho é incerto
Saudade não tem razão
Queria a borracha que apaga
A dor do meu coração

Le rêve même est flou
Et la saudade a tort.
Je cherche la gomme qui efface
La douleur de mon cœur.

Cristina Bacelar. Não é amor é só alma (2018).
Cristina Bacelar. Ce n’est pas de l’amour… Juste de l’âme, traduit de : Não é amor é só alma (2018), par L. & L.
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Camané. Mar impossível (2008)

C’est avec Camané que se clôt cette évocation sommaire du Fado Carriche. Son album Sempre de mim (2008) était remarquable pour intégrer deux inédits d’Alain Oulman, évidemment destinés à Amália Rodrigues, dont le vibrant Sei de um rio.

Mar impossível (« Mer impossible ») prolonge l’hommage rendu dans ce disque à l’univers d’Amália et de son compositeur fétiche : le poème est de Luís de Macedo, qui a fourni à Amália quelques-uns des textes de ses plus beaux fados (Cansaço surtout, sur le Fado Tango de Joaquim Campos). Et lorsque, en 1959, dans les coulisses de l’Olympia, le jeune Oulman s’est enhardi à présenter une de ses musiques à la diva, c’est à Luís de Macedo que celle-ci l’a adressé pour les paroles (Vagamundo, poème de Luís de Macedo, musique d’Alain Oulman, allait inaugurer pour Amália la période la plus féconde de sa carrière).

Camané (né en 1966)Mar impossível. Poème de Luís de Macedo ; Raúl Ferrão, musique (Fado Carriche).
Camané, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare ; Carlos Bica, contrebasse.
Extrait de l’album Sempre de mim / Camané. Portugal, Warner Music Portugal, ℗ 2008.

Na neve mais pura escrevo
As saudades do meu mar:
Tenho saudades da areia
Branca de neve ao luar.

Sur la plus pure des neiges j’écris
La nostalgie que j’ai de la mer :
J’ai la nostalgie de la grève
Blanche de neige sous la lune.
Tenho saudades do vento
Que sopra breve, indeciso,
Leve como um pensamento
Do céu azul, calmo e liso.

J’ai la nostalgie du vent,
De son souffle court, indécis,
Léger comme le souvenir
D’un ciel azur, calme et uni.
Tenho saudades das ondas,
Das conchas e das sereias.
Aqui as ondas são poucas
E vivem paredes meias

J’ai la nostalgie des vagues,
Des conques et des sirènes.
Ici les vagues sont rares
Et elles vivent dans mon cœur
No coração com a saudade
De não ver o mar sem fim.
(Quando não posso cantar
Tenho saudades de mim.)

Tout près du regret que j’ai
De ne pas voir la mer sans fin.
(Quand je ne peux chanter
J’ai la nostalgie de moi-même.)

Luís de Macedo (1925-1987). Mar impossível (daté du 6 janvier 1952), extrait de : Silêncio pressentido (1953).
Luís de Macedo (1925-1987). Mer impossible, traduit de : Mar impossível (daté du 6 janvier 1952), extrait de : Silêncio pressentido (1953), par L. & L.
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