Amália Rodrigues • Os alamares (1953)
C’est un fado-chanson aux paroles insolites, voire extravagantes, on croirait une plaisanterie. Comme une évocation ironique du fadiste à l’ancienne mode (celle du XIXe siècle). C’est plein de tournures et d’expressions difficiles, de mots délicieux comme azeviche, qui vient de l’arabe et qui veut dire « jais » (il ne faut surtout pas le prononcer à l’espagnole). J’adorais depuis longtemps la musique de cette chanson, qui s’appelle Os alamares (« Les brandebourgs »), sans rien comprendre à ses paroles. Amália l’a enregistrée en 1953 mais elle en chantait déjà le refrain dans le film Fado, história de uma cantadeira (1947), avec une sorte de sourire en coin.
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Amália Rodrigues (1920-1999) • Os alamares. João Linhares Barbosa, paroles ; Jaime Santos, musique.
Amália Rodrigues, chant ; Jaime Santos, guitare portugaise ; Santos Moreira, guitare.
Enregistrement : Lisbonne, Établissements Valentim de Carvalho, 97-99, rua nova do Almada, 1953.
Extrait de l’album : No Chiado / Amália. Portugal, Edições Valentim de Carvalho, ℗ 2014. Première publication : entre 1953 et 1956.
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Comprei uns alamares
Para enfeitares o teu varino,
Quero-te à marialva,
À moda antiga:
Chapéu de aba direita,
De um castiço figurino
E na boca formosa uma cantiga.
J’ai acheté des brandebourgs
Pour en orner ta veste.
Je te veux en gentilhomme,
À la mode ancienne :
Chapeau à bord droit
Comme un vrai dandy,
Avec une chanson à ta jolie bouche.
Bota de pulimento
Que se veja bem o salto,
Biqueira miudinha, afiambrada,
E uma cinta de seda
Sobre calça de cós alto,
Samarra de astracã, afadistada.
Bottes vernies
À hauts talons,
Raffinés, à bouts étroits,
Ceinture de soie
Sur culotte à taille haute,
Pelisse d’astrakan, à la mode fadiste.
Na Mouraria,
Desde a Amendoeira à Guia,
Vamos encher de alegria
Esse bairro sonhador…
Que esta guitarra
Tenha a voz duma cigarra
Que o seu trinado desgarra
Numa cantiga de amor.
Dans la Mouraria,
De la rua da Amendoeira au largo da Guia,
Allons emplir de gaieté
Ce quartier qui rêve !
Que cette guitare
Ait la voix d’une cigale,
Que son trille se perde
Dans une chanson d’amour !
Gravata à cavaleira
Na tua camisa branca
Fica mesmo ao pintar…
Se não te importas
Vamos depois aos toiros
No Domingo a Vila Franca
E na Segunda-Feira
Para as hortas.
Une chemise blanche
À jabot
Qui te va à ravir…
Si tu veux bien,
Allons dimanche
À la tourada*, à Vila Franca,
Puis, lundi,
Dans les guinguettes de la banlieue.
Na adega mais antiga
Da Calçada de Carriche
Havemos de cantar o rigoroso.
Tu pões uma melena
No cabelo de azeviche
E sobre a orelha
Um cravo imperioso.
À la vieille auberge
De la Chaussée de Carriche
Nous chanterons le « fado rigoroso ».
Tu feras un accroche-cœur
À tes cheveux de jais
Et porteras à l’oreille
Un pétulant œillet !
João Linhares Barbosa (1893-1965). Os alamares (194?).
–João Linhares Barbosa (1893-1965). Les brandebourgs, traduit de Os alamares (194?) par L. & L.
* Tourada : corrida portugaise, sans mise à mort des taureaux.
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