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Anne Briggs | Blackwater Side

25 mars 2019

Sans Anne Briggs, chanteuse anglaise d’une extrême discrétion [notice Wikipedia (anglais)], 74 ans depuis le 29 septembre dernier, la scène britannique du folk des années 1960-1970 n’aurait pas été ce qu’elle a été. Pourtant personne ou presque ne la connaît et s’il en est ainsi, c’est qu’elle l’a voulu. Sa carrière – ou, mieux, sa période d’activité – n’a duré que quelques années. Elle y a mis un terme alors qu’elle n’avait pas 30 ans, n’ayant publié que quelques « 45 tours » comme on disait alors, plus trois albums, et encore en se faisant prier pour le faire. Elle n’a d’ailleurs pas autorisé la publication du troisième de ces albums, enregistré en 1973 (il est sorti en 1997 sous le titre Sing a song for you). Presque toute sa discographie est disponible aujourd’hui.

Autodidacte, elle chantait avec une grande simplicité, la plupart du temps a cappella (du moins à ses débuts), un répertoire de chansons traditionnelles des Îles Britanniques. Son style est caractérisé par une ligne de chant très pure, dans laquelle de très nombreux ornements sont intégrés avec naturel (comme dans la technique du fado ou d’autres types de répertoires traditionnels).

Elle a en quelque sorte constitué un répertoire de référence et installé un style qui seront à la source du vigoureux revival de la folk music britannique des années 1970. Elle a directement influencé nombre d’interprètes, parmi lesquels la grande Sandy Denny et les non moins estimables June Tabor et Maddy Prior, les groupes Steeleye Span et Fairport Convention, sans parler de son compagnon, l’Écossais Bert Jansch, excellent chanteur et guitariste génial, décédé en 2011, et à travers lui le groupe Pentangle auquel il a appartenu.

Anne Briggs (née en 1944) | Blackwater side. Paroles et musique traditionnelles (Îles Britanniques)
Anne Briggs, chant, guitare.
Extrait de l’album Anne Briggs / Anne Briggs, Royaume-Uni, 1971.

Blackwater side (« Au bord de la Blackwater ») est une chanson traditionnelle du XVIIIe ou du tout début du XIXe siècle, peut-être originaire de l’Ulster (nord de l’Irlande), qui connaît de multiples variantes. Anne Briggs tient sa propre version d’un enregistrement de collectage effectué pour la BBC en 1952 auprès d’une chanteuse itinérante irlandaise nommée Mary Doran. Les paroles de cette version évoquent le malheur d’une jeune fille qui se laisse séduire par un Irish lad (un gars d’Irlande) près de la « Blackwater » (une rivière, ou un lac) alors qu’elle s’y promène. Le jeune homme lui promet le mariage, mais la quitte dès qu’il a obtenu ses faveurs et aggrave son forfait en se moquant de l’infortune de sa compagne d’une nuit, qu’elle-même sait irrémédiable.

Anne Briggs a transmis cette chanson à Bert Jansch, qui l’a enregistrée en 1966, cinq ans avant elle. Blackwater side (souvent écrit Blackwaterside) est par la suite devenu un classique du répertoire folk anglosaxon.

Sources :

Voici une autre interprétation de Blackwater side, beaucoup plus récente et très émouvante, réunissant Anne Briggs et celui qui était alors son ancien compagnon, Bert Jansch, à l’occasion d’un film documentaire réalisé en 1992, Acoustic routes. Il a été publié sous forme de DVD, réédité en 2013. La bande originale est disponible séparément.

Anne Briggs (née en 1944) & Bert Jansch (1943-2011) | Blackwater side. Paroles et musique traditionnelles (Îles Britanniques).
Anne Briggs, chant ; Bert Jansch, guitare.
Extrait de : Acoustic Routes. Jan Leman, réalisation et scénario ; Bert Jansch, Brownie McGhee, Al Stewart, Anne Briggs… etc., participants. Royaume-Uni, Leman Productions, 1992.

One morning fair to take the air
Down by Blackwater side
‘Twas in gazing all, all around me
‘Twas the Irish lad I spied.

All through the first part of the night
Well, we lay in sport and play,
Then this young man he arose and he gathered his clothes,
He said, “Fare thee well today.”

Well, that’s not the promise that you gave to me
When first you lay on my bed,
You could make me believe with your lying tongue
That the sun rose in the west.

Then go home, go home, to your father’s garden,
You go home and weep your fill.
And you think of your own misfortune
That you brought with your wanton will.

For there’s not a girl in this whole wide world
As easily led as I,
Sure it’s fishes they’ll fly and the seas run dry,
‘Tis then you’ll marry I.

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