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Celeste Rodrigues & Diogo Rocha | Adeus Mouraria

9 mars 2019

J’ai le souvenir d’Amália Rodrigues, dans une émission de radio diffusée dans les années 1980 sur France Musique, parlant de ces chanteurs qui « surjouent » le fado ; ceux qui exécutent de la même manière un fado aux paroles « sans importance » – c’était son expression – et un grand fado tragique. Elle disait de ces chanteurs-là qu’ils faisaient tort au Fado.

Dans cette interprétation à deux d’Adeus Mouraria, fado aux paroles « sans importance » créé en 1954 par Artur Ribeiro (1924-1982), on peut accorder à Diogo Rocha la circonstance atténuante de sa (relative) jeunesse, tout en tordant le nez devant ce chant qui se préoccupe davantage d’effet que de justesse – dans tous les sens du terme. Mais lorsque arrive le tour de Celeste, quel contraste ! Tout se remet en place.

Celeste avait 92 ans accomplis lors de cette captation. 92 ans. La voix se fatigue à peine par moments mais elle est belle, de cette beauté sombre qu’elle avait acquise sur le tard, et l’interprétation est à la fois simple et magistrale.

Dans un de ses fados (Fado da Adiça, paroles Rodrigo de Melo), Amália chante : « Não é fadista quem quer / Só é fadista quem calha », c’est à dire : « N’est pas fadiste qui veut, mais seulement celui dont c’est le destin ». C’est ça.

Celeste Rodrigues (1923-2018) & Diogo Rocha | Adeus Mouraria. Artur Ribeiro, paroles ; Carlos Nóbrega e Sousa, musique.
Celeste Rodrigues & Diogo Rocha, chant ; Bruno Chaveiro, guitare portugaise ; Nelson Aleixo, guitare. Captation : Lisbonne, restaurant Coração da Sé, Alfama, 1er avril 2015.
Vidéo : Pedro Luis. Portugal, 2015.

Adeus, ó casas velhinhas
Das vielas estreitinhas
Onde o fado já morou.

Adieu maisons d’autrefois
Des ruelles étroites
Où vivait le fado.
Adeus, meu bairro de encantos,
Nos teus mais lindos recantos
Só a saudade ficou.

Adieu mon quartier plein de charme.
Dans tes recoins adorables
Seule demeure la saudade.
Adeus Mouraria,
Adeus tradição,
Já oiço a cidade
Cantar com saudade
A tua canção.

Adieu Mouraria,
Adieu tradition.
J’entends la ville
Pleine de saudade
Chanter ta chanson.
E as casas velhinhas
Feitas de pedraria
Vão pelo caminho
Dizendo baixinho
Adeus Mouraria.

Et les maisons anciennes
De pierres de taille
Se murmurent entre elles
Le long du chemin
Adieu Mouraria.
Adeus, trapeira modesta
Das sardinheiras em festa
E dos beijos ao luar.

Adieu, modeste mansarde
Avec ses géraniums
Et ses baisers au clair de lune.
Adeus, taberna bizarra
Onde nas noites de farra
Guitarras iam chorar.

Adieu, taverne bizarre
Où pleuraient les guitares
Les grandes nuits de fête.

Artur Ribeiro.
Adeus Mouraria
(1954).
Artur Ribeiro.
Adieu Mouraria
, traduit de : Adeus Mouraria (1954) par L. & L.

One Comment leave one →
  1. 25 mars 2019 20:22

    Superbe… 😉

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