Heureusement il y a l’Écosse
Heureusement il y a l’Écosse.
Mais voici que notre indécrottable voisine commune, la cupide et folle Albion, plébiscite à nouveau l’arrogant Mr. Cameron, qui lui promet un référendum sur le « Brexit ». Qu’elle s’en aille, qu’elle se précipite dans la géhenne yankee puisque c’est ce qu’elle veut. Va-t-en rejoindre ta grosse fifille américaine de l’autre côté de la mer, folle et cupide Albion, va-t-en jeter ton ancre devant Manhattan si ça te chante. Les New-Yorkais viendront le dimanche en famille avec leurs ice-creams te visiter. (Mais sache-le David, l’Amérique est pleine d’étrangers, de noirs, de latinos, d’Italiens, et même de Grecs !)
Lorsque, fatiguée de l’encombrante Amérique, tu songeras avec nostalgie à tes vieilles compagnes européennes et que tu entreprendras le voyage de retour, animée soudain d’un brûlant désir de reprendre ta place parmi elles, tu y trouveras ton ancienne voisine l’Écosse, qui aura profité de ton départ, sotte et cupide Albion, pour descendre jusqu’aux rives de la Manche en quête d’un peu de tiédeur. C’est elle désormais qui voit les côtes de France se déployer à l’horizon. Il te faudra te contenter d’un mouillage convenable dans les eaux froides, quelque part entre la Norvège et l’Islande, dans les parages des îles Féroé peut-être. Ça leur fera un peu de compagnie.
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[L’ascenseur à reconnaissance vocale]. Iain Davidson, réalisation ; Robert Florence, Iain Connell, dialogues ; Robert Florence, Iain Connell, acteurs. Extrait de : Burnistoun, Série 1, Épisode 1. Production : Écosse, The Comedy Unit. Première diffusion : BBC Two Scotland, 1er mars 2010.
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Écosse, banlieue de Glasgow. L’ascenseur à reconnaissance vocale, importé des États-Unis, ne comprend pas l’accent écossais.
« Ils ont mis de la reconnaissance vocale dans cet ascenseur, y a pas de boutons. » — « De la reconnaissance vocale ? Dans un ascenseur ? En Écosse ? »
Les infortunés passagers, qui tentent vainement de monter au 11e, essaient successivement l’accent américain (« Ça ressemble plutôt à l’accent irlandais » — « Pas du tout, ELEVEN ! » — « Il est d’où ton accent américain, de Dublin ? ») et l’accent anglais, ce qui semble encore moins naturel : il faut une sorte de coup d’épaule en avant, et se tordre la bouche d’un air dégoûté (« T’es du même coin d’Angleterre que Dick van Dyke [un acteur américain] ? »)
Ça s’envenime, on en vient aux mots avec la voix de l’ascenseur. L’un des deux captifs — le grand — lui rétorque que si elle n’est pas fichue de comprendre la langue elle n’a qu’à rentrer chez elle. « Ah ne commence pas avec ça ! » — « Ne fais pas l’offusqué, c’est pas être raciste que de dire ça à un ascenseur ! »
« Parlez lentement et distinctement » répond la voix.: « Onze onze onze onze ! » — « Mais tu le dis toujours de la même manière ! »
« Veuillez indiquer l’étage auquel vous désirez vous rendre, d’une voix claire et calme. » « Calme ! Calme ! Ça vient d’où ça ? Pourquoi ils nous disent d’être calmes ? » — « Parce qu’ils savaient qu’ils allaient vendre leur truc à des Écossais et que ça allait les rendre fous. » « Vous n’avez pas sélectionné d’étage » dit la voix. « SI ON L’A FAIT ! ONZE ! » (« AYE WE HAVE! ELEVEN! »)
Les répliques se corsent sacrément… Pour finir, au comble de l’exaspération, il n’y a plus qu’à exiger la liberté pour l’Écosse.
L’un des passages les plus cocasses (ils sont nombreux) est celui où, la voix ayant demandé pour la première fois de parler lentement et distinctement (« please speak slowly and clearly »), le personnage chauve répète, très fort mais avec un air d’écolier qui vient de commettre une bêtise, le terme dont il vient de traiter son compagnon, « smartass », qui veut dire « toi qui es si malin » dans un registre très familier (mot à mot : cul malin).