Allez viens Maurice
Je déjeune seul « aux boîtes » [voir ce billet], à la fenêtre.
Une voix de femme, une voix sonore, derrière moi disant : Au revoir Madame bonne journée, Allez viens Maurice.
(Maurice, on s’appelle encore Maurice.)
Bruits de la porte qu’on ouvre et qu’on franchit, et quelques secondes plus tard la voilà cette femme, blonde, un peu épaisse, en jupe blanche assez courte, oui vraiment courte, un haut turquoise, marchant d’un pas de militaire au défilé ; traînant de la main droite un roquet blanc qui trottine au bout d’une laisse, de la gauche un homme plus petit qu’elle, les menant jusqu’à une voiture stationnée en contrebas, les y faisant monter avant de s’installer au volant. On voit le visage, bouffi, sans aucun doute perdu avec la boisson comme on dit chez moi (kollet gand ar boesson en v.o.). La cinquantaine. L’homme à peu près le même âge, chauve.
L’homme et le chien s’appellent donc tous les deux Maurice. Ou plutôt : Maurice est un nom collectif, désignant une entité composée de deux êtres, à laquelle cette femme s’adresse en effet comme s’ils constituaient un tout. Allez viens Maurice.