Argentina Santos — Amar não é pecado
Elle a son anniversaire le même jour que moi, Argentina, le 6 février. Elle est née en 1924 (moi non). Elle est ici chez elle, à la Parreirinha de Alfama (« la petite treille d’Alfama »), il n’y a pas deux ans si les indications portées dans Youtube sont exactes. Elle chante que ce n’est pas un péché que d’aimer, que ce qui l’est c’est le contraire, c’est « d’être au monde et de n’aimer personne ».
Amar não é pecado / Argentina Santos, chant ; Moita Girão, paroles ; Pedro Rodrigues, musique.
Ce n’est pas une vedette, juste une femme de Lisbonne qui s’est mise à chanter le fado comme bien d’autres. Elle n’avait pas 25 ans lorsqu’elle a commencé, et toute sa vie elle a fait ça. Elle est l’une des plus grandes chanteuses du fado castiço (c’est à dire le fado classique, celui proche des racines), et reconnue comme telle. La célébrité internationale — toute relative — est venue sur le tard, notamment grâce à sa participation au spectacle Cabelo branco é saudade de Ricardo Pais (2005). Dès la première seconde on reconnaît sa voix, son style, son accentuation si particulière de la phrase, et ses pianissimos qui tombent soudain sur le fil du chant et lui donnent un relief incomparable. Et elle a une allure si sympathique, si débonnaire qu’on la voudrait pour grand-mère.
Aujourd’hui elle ne va pas très bien. Samedi dernier, il y a exactement une semaine, nous étions au Musée du fado qui se trouve tout près de chez elle, il n’y a que la place à traverser. Un des responsables de ce musée nous a emmenés, un couple d’Italiens et nous, jusqu’à sa porte, il a frappé ou sonné, je ne me rappelle plus, quelqu’un a ouvert, un homme dont il a serré la main. Argentina se trouvait là, assise à une table au fond du restaurant, elle a regardé ce groupe qui se tenait à sa porte. Nous avons été invités à entrer, mais non. Je lui souhaite de se rétablir le mieux possible, et de chanter le fado.
Amar não é pecado
Há quem recorde o passado
Com um desgosto profundo
Por ter amado, porém;
Amar não é um pecado
Pecado é andar no mundo
Sem ter amor a ninguémO coração que namora
Sente o perfume da flor
E o doce encanto do ninho
Ai do coração que chora
Por uma gota de amor
E morre sem um carinhoPedi a Deus que fizesse
Da minha em pedaços
E do teu viver, jardim
Deus ouviu as minhas preces
Deu-me por cruz, os teus braços
E este amor que não tem fimP’lo muito que tenho amado
Eu não estou arrependida
Meu amor, porque sei bem
Amar não é um pecado
Pecado é andar no mundo
Sem ter amor a ninguém.
Amar não é pecado / Moita Girão.
L. & L.
—
Pais, Ricardo. Dir.
Cabelo branco é saudade
Cabelo branco é saudade : fados / conçu et dirigé par Ricardo Pais ; direction musicale Diogo Clemente ; Argentina Santos, Celeste Rodrigues, Alcindo de Carvalho, Ricardo Ribeiro, chant ; Bernardo Couto, guitare portugaise ; Diogo Clemente, guitare ; Nando Araújo, guitare basse. — Promo music, P 2005.
1 DVD zone 2. — Promo Music PM DVD 002.
Disponible sur Amazon, Fnac (France).
J’aime.
Simple et profond.
La vidéo nous rend presque indiscrets. J »ai eu la sensation d’entrer à pas feutrés pour m’asseoir à la table du fond, comme un voyeur invisible.
Oui, c’est ça 🙂
Je l’ai vue, Argentina Santos, jeudi dernier, traverser la place du museo do fado au bras d’une aide ménagère en blouse bleue. Je ne crois pas qu’elle rechantera Amor nao é um pecado…
Ah la la, ça fait peine comme on dit ici.
(Donc tu étais encore à Lisbonne la semaine dernière ? Veinarde.)
oui, j’avoue, deux jours, pour aller écouter le spectacle donné par Camané (tu sais bien, le père de Carminho)à l’occasion de la fin de l’exposition que le museo do fado lui a consacrée. Et comme dans mon mauvais portugais de débutante j’avais auparavant demandé au musée comment faire pour être assurée d’avoir une place, le concert étant gratuit, ils m’en avaient réservée une gentiment ! oui, veinarde… Camané, lui, a chanté deux fois de suite son concert consacré à des fados anciens, pour que tout le monde puisse entrer…
Et le lendemain je suis allée écouter Aldina au Sr Vinho, ça valait la peine de trouver l’établissement, et je l’ai remerciée de l’émotion qu’elle me procure à chaque fois que je l’entends chanter, depuis la Religieuse portugaise…
Mais en partant, même après un séjour si court, c’est moi qui pouvais dire : tenho saudades de Lisboa…