Pier Paolo Pasolini — Ici finit l’Italie, finit l’été.
Je vais partir une dizaine de jours dans le Nord (de l’Europe). Je te laisse avec quelques souvenirs photographiques d’un récent voyage dans le Frioul, et surtout avec Pier Paolo Pasolini, qui nous fait tant défaut aujourd’hui.
L. & L.
Sulle povere voci, sulla povera spiaggetta, il temporale getta un’ombra leggera, biancastra. Qui finisce l’Italia, finisce l’estate.
Pasolini, Pier Paolo (1922-1975). La lunga strada di sabbia. Publié en 3 parties dans le mensuel Sucesso, de juillet à septembre 1959.
Le môle Audace à Trieste, Italie, 7 juillet 2010.
« Trieste s’arrête, avec les derniers chantiers du port, avec les derniers bâtiments, contre ces tristes collines fumeuses, contre le rideau blanc du ciel.
Parfois, le long de la route qui borde la mer, dans un ensemble ininterrompu de groupes de maisons, de murs infranchissables, on aperçoit une plage, avec des familles, et l’éternel sourire de la jeunesse triomphante. Une brève agitation désolée.
Je passe par Muggia, avec son port, qui reproduit en miniature celui de Trieste, et en plus triste celui de Grado. D’autres plages arides, petites et colorées, au-delà de solides parapets.
Et voilà Lazzaretto, l’ultime plage italienne.
Plage de Lazzaretto, province de Trieste, Italie, 7 juillet 2010. À l’arrière-plan, la côte slovène.
C’est incroyable : ici, l’Italie a un dernier élan, c’est l’Italie comme je ne la voyais plus depuis des centaines de kilomètres. […]
Au-delà de la frontière, on ne voit pas âme qui vive : le territoire yougoslave semble inhabité. Pas une seule personne sui se baigne, pas une maison. Plus de soleil : et même, entre les deux tristes bosses des collines boisées, on voit venir un orage : une trace de nuages bleus. N’y a-t-il donc pas de congés du 15 août en Yougoslavie ? Pas d’été ?
Je m’approche des derniers vacanciers de notre plage. Ils ont tous dans les vingt-cinq ans, hommes et femmes, assis sur une pierre à l’embouchure de l’égout. Ils ne sont ni vilains ni beaux. On dirait des employés. Ils jouissent de leurs vacances avec une paresse de circonstance, une juste insouciance. J’entends des bribes de conversation, des voix humbles, qui se perdent. […]
Sur les pauvres voix, sur la pauvre petite plage, l’orage jette une ombre légère, blanchâtre. Ici finit l’Italie, finit l’été. »
Pier Paolo Pasolini, septembre 1959
De l’autre côté de la frontière : Koper (Capodistria), Slovénie, 7 juillet 2010.
Pier Paolo Pasolini (1922-1975)
La longue route de sable
La longue route de sable / Pier Paolo Pasolini ; texte intégral traduit de l’italien par Anne Bourguignon ; photographies Philippe Séclier. — X. Barral, 2005.
Traduit de : La lunga strada di sabbia.
Contient un fac-similé du tapuscrit du texte dans la version de « Successo », publiée en Italie par Meridiani en 1998.
ISBN 2-915173-07-9
Alors, le Nord?
Moi je reviens enfin à Lisbonne, demain! Aîe quelle joie!
Si d’ici au 18 tu peux me conseiller des clubbe de fado dignes (et abordables, hein) et des disquaires, je serai une lisboète (de passage) heureuse : je suis curieuse de voir si c’est possible, tiens!
Merci si tu peux.
Até jà,
Laurette (on fait presque Lili, Lulu et Lolo…) 😉
Je te fais une réponse rapide, je ne fais que passer en coup de vent. Et tu es peut-être déjà partie. Il y a A Baiuca, le Clube de Fado et A Parreirinha de Alfama, tous trois dans Alfama, le Senhor Vinho (de Maria da Fé, avec Aldina Duarte et António Zambujo comme chanteurs attitrés), à Lapa — mais ça ne doit pas être bon marché.
Le mieux est de se renseigner au Museu do fado, qui se trouve Largo do Chafariz de Dentro, en contrebas d’Alfama. Ils sont extrêmement serviables et d’excellent conseil.
Bon séjour !
Ph.