Cavafis, Polydoros Vogiatzis
Le Marathon des mots 2009
Samedi 13 juin 2009, Constantin Cavafy, En attendant les barbares / Lambert Wilson et Polydoros Vogiatzis. En présence d[e la] guitariste Varvara Gyra.
Sur la scène de la grande salle du TNT, un décor de tables et de chaises de café. C’est d’abord la guitare qui s’est fait entendre je crois, ensuite je ne sais plus vraiment si c’est le jeune Grec qui a parlé le premier. Seulement dès qu’il l’a fait, dès que lui a prononcé les premiers mots du premier poème, les larmes me sont venues aux yeux. Mais tout de suite, en deux secondes à peine. (Il faut dire que je pleure au spectacle ou au cinéma, même une fois devant une peinture de Fra Angelico, parce que je crois que ça m’avait fait penser à Pasolini, il a fallu que je me dise que c’était ridicule, qu’il fallait arrêter tout de suite, que j’espérais que personne ne m’avait vu.)
C’est à cause de la voix de Polydoros Vogiatzis (j’ignorais jusqu’à son existence), de ses intonations, de la simplicité dans laquelle il disait ce poème, et tous les autres ensuite. Et c’est aussi à cause de la sonorité de cette langue que je ne connais pas non plus, langue singulière, pleine de consones frottées, glissées, de s doucement chuintés, de sons de sable piétiné, d’étoffe froissée, de g qui restent au fond de la gorge, et de voyelles simples et sans sinuosités.
À la fin, quand Polydoros s’est mis à chanter doucement, j’ai pleuré encore. Heureusement qu’il faisait noir.
Polydoros Vogiatzis (assis) avec … Mísia ! Athènes, 2009 (et Konstantinos Papadimitriou, Olivier Gluzman) © D.R.
Source : Mísia — Site officiel
Σ’ αυτές τες σκοτεινές κάμαρες που περνώ
μέρες βαρυές, επάνω-κάτω τριγυρνώ
για νάβρω τα παράθυρα. (Όταν ανοίξη
ένα παράθυρο θάναι παρηγοριά.)
Μα τα παράθυρα δεν βρίσκονται, ή δεν μπορώ να τάβρω…
Και καλλίτερα ίσως να μην τα βρώ.
Ίσως το φως θάναι μια νέα τυραννία…
Ποιος ξέρει τί καινούρια πράγματα θα δείξη…Les fenêtres
Dans l’obscurité de ces chambres, où je coule
des jours pénibles, je marche de long en large
pour trouver des fenêtres. — Si pouvait s’ouvrir
une fenêtre, quel réconfort ce serait. —
Mais il n’y a pas de fenêtres, ou est-ce moi qui n’arrive pas
à en trouver. Et peut-être vaut-il mieux ne pas en trouver.
Peut-être la lumière causerait-elle un autre supplice.
Qui sait quelles choses nouvelles elle découvrirait.
Constantin Cavafy
Hello Lulu, Hello Lili
Hello
J’étais là, qui êtes vous ?
Cher Olivier Gluzman,
merci d’être venu jusqu’ici. Je suis enchanté d’apprendre que nous étions « là » ensemble, vous et moi. Un moment de grande émotion : adorable Polydoros, et adorable Cavafis.
Transmettez ma gratitude et mon admiration à Polydoros si vous en avez l’occasion, et aussi mes salutationa à Mísia, dont j’ai abondamment réécouté Garras dos sentidos tout cet été.
Bien à vous,
Lili & Lulu