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La chanson du dimanche [97] ¡Vamos, Nina!

12 octobre 2025

L’un des chefs-d’œuvre d’Ástor Piazzolla sur des paroles du poète uruguayen Horacio Ferrer, interprété d’abord par sa créatrice, Amelita Baltar (alors compagne de Piazzolla), puis, dix ans plus tard, par Milva aux Bouffes du Nord.

Amelita Baltar (née en 1940) & Ástor Piazzolla (1921-1992)¡Vamos, Nina!. Horacio Ferrer, paroles ; Ástor Piazzolla, musique.
Amelita Baltar, chant ; Ástor Piazzolla, bandonéon & arrangements.
Enregistrement : Milan (Italie), 1974.
Première publication : album Piazzolla & Amelita Baltar. 1974 ou 1975.

Milva (1939-2021) & Ástor Piazzolla (1921-1992)¡Vamos, Nina!. Horacio Ferrer, paroles ; Ástor Piazzolla, musique.
Milva, chant ; Quintette de tango contemporain (Ástor Piazzolla, bandonéon & arrangements ; Pablo Ziegler, piano ; Fernando Suárez Paz, violon ; Oscar Lopez Ruiz, guitare ; Héctor Console, basse).
Enregistrement public : Paris, théâtre des Bouffes du Nord, le 29 septembre 1984.
Extrait de l’album Live at the Bouffes du Nord/ Milva and Astor Piazzolla. France, Polydor, ℗ 1984.


No te avergüences, Nina, no,
¿de qué vergüenza entenderá
el mala bestia de ese bar
que te pateó y que te escupió?
Acariciale el piojo al perro
que tenés, y le contás
que entre la mugre te encontraste
un hombro amigo en que morir.

N’aie pas honte, Nina, non,
Qu’est-ce qu’il connaît de la honte
Ce salaud dans ce bar
Qui t’a piétinée et craché à la figure ?
Caresse-lui les poux
À ton chien, et dis-lui
Que dans toute cette crasse tu as trouvé
Une épaule amie sur laquelle mourir.

Abrí las cuencas de los ojos,
bien abiertas y arrojá
de un solo vómito brutal
tu soledad y ¡vamonós!
Mirá que linda estás
con tu ternura en pie,
y no estás sola, Nina, no,
yo estoy con vos.

Ouvre grand tes yeux
Ouvre-les et vomis
Dans un seul jet brutal
Ta solitude et fichons le camp !
Que tu es belle,
Que tu es douce !
Et tu n’es pas seule Nina, non,
Je suis avec toi.

Nina,
no llorés, mordete los ojos,
cachame las manos bien fuerte,
si viene la muerte, mangala:
que pague, de prepo y de a uno
los días felices que debe.

Nina,
Ne pleure pas, sèche tes yeux,
Serre-moi les mains bien fort,
Si la mort vient, fais-lui la manche :
Fais-lui payer, de force et une par une,
Les journées de bonheur qu’elle doit.

Mi Nina,
con cabezas de paloma
correremos hasta nunca
por la tumba de los pájaros mendigos
que encontraron la salida
y saldremos de la roña
dandos saltos, transparentes,
inmortales, ¡vamos, Nina!

Ma Nina,
Avec nos têtes de colombe
On va courir à tout jamais
Dans les tombes des oiseaux mendiants
Qui ont trouvé la sortie
Et nous sortirons de la mouise
En bondissant, transparents,
Immortels ! Viens, Nina !

¡Vamos, Nina!,
corramos, mi vieja, corramos.
Si el viento te enreda el harapo,
si el frío te llaga las piernas,
no pares ni aflojes ni vuelvas,
ni esperes, ni gimas, corre, ¡corré!

Viens, Nina !
Courons, ma vieille, courons !
Si tu sens le vent dans tes guenilles,
Si le froid te griffe les jambes,
Ne t’arrête pas, ne flanche pas,
Ne te retourne pas, ne gémis pas, cours, cours !

No te avergüences Nina, no,
que nadie sabe bien quién es.
Mirá si soy el dios capaz
de hacer mil panes con un pan,
y vos la loca que una vez
roció sus trapos con alcohol,
y se incendió para no ver
los presidentes que se van.

N’aie pas honte Nina, non,
Parce que nul ne sait bien qui c’est ce type.
Et si j’étais le dieu capable
De multiplier les pains
Et toi la folle qui un jour
A aspergé ses habits d’alcool
Et s’est immolée pour ne pas voir
Les présidents qui s’en vont ?

Mirame, hermana, no temblés,
no tengas miedo de morir,
los vivos oyen a sus muertos
y hoy, por fin, nos van a oír.
Mirá qué linda está
tu dignidad en pie,
y no estás sola, Nina, no,
yo estoy con vos.

Regarde-moi petite, ne tremble pas,
N’aie pas peur de mourir,
Les vivants entendent leurs morts
Et aujourd’hui il vont enfin nous entendre.
Que tu es belle,
Que tu es digne !
Et tu n’es pas seule, Nina, non,
Je suis avec toi.

¡Vamos, Nina!, ¡vamos, Nina!,
no aflojes, ni pares, ni vuelvas,
ni esperes, ni gimas, corré, ¡corré!

Allez viens, Nina ! Viens, Nina !
Ne flanche pas, ne t’arrête pas,
Ne te retourne pas, ne gémis pas, cours, cours !
Horacio Ferrer (1933-2014). ¡Vamos, Nina! (1974).
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Horacio Ferrer (1933-2014). Allez viens, Nina !, trad. par L. & L. de ¡Vamos, Nina! (1974).

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