Amália • Acho inúteis as palavras (1962)
Le mois de juillet est celui d’Amália, celui de sa naissance. Elle disait qu’elle n’en connaissait pas la date précise et fêtait ses anniversaires le 1er du mois. Cependant les registres officiels conservent la date du 23 juillet 1920, à cinq heures.
Elle aurait 105 ans cette année. Elle en avait une quarantaine lorsque elle a enregistré ce fado.
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Amália Rodrigues (1920-1999) • Acho inúteis as palavras. António Sousa Freitas, paroles ; compositeur inconnu (Fado menor).
Amália Rodrigues, chant ; José Nunes, guitare portugaise ; Castro Mota, guitare.
Enregistrement : Lisbonne, Teatro Taborda, entre 1960 et 1962.
Première publication dans le disque 45 t Povo que lavas no rio ; Caminhos de Deus ; Acho inúteis as palavras / Amalia. Royaume-Uni, Columbia, ℗ 1962.
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Acho inúteis as palavras
Quando o silêncio é maior
Inúteis são os meus gestos
Para te falarem de amor
Les paroles sont inutiles
Quand le silence est plus fort
Inutiles aussi mes gestes
Pour te parler d’amour.
Acho inúteis os sorrisos
Quando a noite nos procura
Inúteis são minhas penas
Para te falar de ternura
Les sourires sont inutiles
Quand la nuit nous cherche
Inutiles aussi mes peines
pour te parler de tendresse.
Acho inúteis nossas bocas
Quando voltar o pecado
Inúteis são os meus olhos
Para te falar do passado
Nos bouches sont inutiles
Quand revient le péché
Inutiles aussi mes yeux
Pour te parler du passé.
Acho inúteis nossos corpos
Quando o desejo é certeza
Inúteis são minhas mãos
Nessa hora de pureza
Nos corps sont inutiles
Quand le désir est certitude
Inutiles aussi mes mains
En cet instant de pureté.
… … António de Sousa Freitas (1921-2004). Acho inúteis as palavras (1962).
António de Sousa Freitas (1921-2004). Les paroles sont inutiles, traduit de Acho inúteis as palavras (1962), par L. & L.
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Acho inúteis as palavras (littéralement : « Je trouve que les mots sont inutiles ») est un drôle de fado : un poème assez singulier d’António Sousa Freitas (1921-2004) – dont Amália n’a chanté que peu de chose –, sur une musique que les premières publications discographiques attribuaient au guitariste et chanteur José Marques do Amaral, mais qui semble bien, en réalité, être celle du très ancien Fado menor, de compositeur inconnu. Du moins en est-elle très proche – et la plus récente réédition de cet enregistrement (2021) porte, pour la musique, la seule mention « popular » (« populaire »).
Acho inúteis as palavras fait partie des dix-neuf morceaux enregistrés à Lisbonne de 1960 à 1962, lors des sessions du célèbre album sans titre dit « du buste » en référence à l’illustration de sa pochette. Cet album, publié en décembre 1962, ne réunissait que neuf des pièces enregistrées, parmi lesquelles les premières compositions d’Alain Oulman pour Amália, de même que des fados aussi emblématiques que Povo que lavas no rio et Estranha forma de vida. Les dix laissés pour compte ont été publiés au petit bonheur : trois d’entre eux (dont Acho inúteis as palavras) sur les faces B de disques 45 tours qui comportaient un ou deux titres extraits de l’album « du buste » ; quatre (dont à nouveau Acho inúteis as palavras) sur un disque 33 tours publié en France en 1963, intitulé Amália 1963 ; et la totalité rassemblée dans un album paru au Royaume-Uni en 1963. Cet album, qui ne résultait pas d’un choix (ou plutôt : qui en résultait négativement), ne pouvait, en dépit de la beauté de certains des fados qui le constituaient, que paraître un peu bancal. Paradoxalement il a reçu pour titre : For your delight. Plus tard, Amália l’a qualifié « d’erreur ».
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