La chanson du dimanche [76]. Máscaras. Romance
París no se acaba nunca, y el recuerdo de cada persona que ha vivido allí es distinto del recuerdo de cualquier otro… Y eso es muy cierto aunque lo haya dicho Hemingway, que ha sido el escritor más ególatra y narcisista del siglo. Mi recuerdo de París es como una nostalgia azul, que en veinte años no he podido sacarme de encima. Porque cuando llegué a París, en aquel mes de abril de 1969, ya había despuntado una primavera tan hermosa que dolía y daba ganas de hacer algo para ser más feliz, si es que la felicidad existe, para ser más inteligente y abarcarlo todo, saberlo todo, o para ser más libre, si es que eso también existiera, existiría o existió alguna vez. Y recuerdo que sentí la magia de un sol cariñoso, como de terciopelo, bañando los Campos Elíseos, los grandes palacios napoleónicos, la frivolidad de los cafés, y entendí mejor lo que había sucedido un año antes. Todavía siento como una caricia en la piel la luz de la tarde contra la luceta frontal de Notre Dame, el rumor histórico y oscuro del Sena a la altura de la Cité, y escucho a aquel negro organillero frente al Louvre, haciendo bailar a su monito africano al ritmo de un vals vienés.
Leonardo Padura (né en 1955), Máscaras, La Habana, Unión de Escritores y Artistas de Cuba, 1997.On n’en a jamais fini avec Paris et le souvenir de chaque personne qui y a vécu est différent du souvenir de tous les autres… Cela est bien vrai, même si c’est Hemingway qui l’a dit, l’écrivain le plus égocentrique et narcissique du siècle. Mon souvenir de Paris est empreint du bleu de la nostalgie dont je n’ai pas pu me débarrasser en vingt ans. Parce que lorsque je suis arrivé à Paris, en ce mois d’avril 1969, le printemps pointait déjà, si beau qu’il faisait mal et donnait envie de faire quelque chose pour être plus heureux, si le bonheur existe, pour être plus intelligent et tout embrasser, tout savoir, ou pour être plus libre, si tant est que cela soit possible, que cela puisse l’être ou que cela l’ait été. Et je me souviens d’avoir ressenti la magie d’un soleil caressant comme du velours, qui baignait les Champs-Élysées, les grands palais napoléoniens, les cafés aux airs frivoles, et j’ai mieux compris ce qui s’était passé un an auparavant. Je ressens encore comme une caresse sur la peau la lumière de l’après-midi sur la rosace de Notre-Dame, la rumeur historique et sombre de la Seine à hauteur de la Cité, et j’entends encore ce noir qui jouait de l’orgue de Barbarie devant le Louvre, en faisant danser un petit singe africain au rythme d’une valse viennoise.
Leonardo Padura (né en 1955), Électre à La Havane, traduit de Máscaras (1997) par René Solis & Maria Hernández, Paris, Éd. Métailié, 1998.
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Juliette Gréco (1927-2020) • Romance. Henri Bassis, paroles ; Joseph Kosma, musique. Du film Le gantelet vert = The green glove Rudolph Maté, réalisation, France & États-Unis, 1952.
Juliette Gréco, chant ; avec André Grassi et son orchestre.
Première publication : France, ℗ 1952.
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Ces mots chargés de romance,
Comme un matin qui sourit,
C’est un amour qui commence,
Dans le printemps de Paris.Paris, qui n’est à personne,
Est à toi si tu le veux.
Mon ami, je te le donne.
Ce cadeau, c’est pour nous deux.Veux-tu les rues de ma ville
Traînant autour des cafés,
Où les jours passent tranquilles
Et les filles décoiffées ?Les amoureux se promènent,
Ils se regardent, ravis.
Mon ami, c’est toi que j’aime.
Le bonheur, c’est pour la vie.Henri Bassis (1916-1992). Romance (1952).
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