Fado Pintadinho. 2. Ana Moura
Fait suite à :
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Le beau timbre de voix d’Ana Moura ne suffit pas à faire d’elle une fadiste.
Amália, qu’on interrogeait un jour sur ce que représentait le fado pour elle, a répondu que c’était comme lui demander pourquoi elle respirait. « Desgraça é trazer o fado / No coração e na boca » chantait encore Amália : « Le malheur, c’est de porter le fado en soi / Dans son cœur, dans sa bouche » (extrait de Não é desgraça ser pobre, paroles de Norberto de Araújo). Ana n’est pas frappée par ce malheur. Ne disons rien du cœur ; pour ce qui est de la bouche, il lui manque, entre autres, de la fluidité et de l’agilité dans la conduite du chant, surtout pour aborder le Pintadinho dont la fameuse montée vers l’aigu et sa suite devraient être exécutées sans laisser paraître le moindre effort et sans s’appesantir sur la note aiguë comme si un trophée venait d’être conquis. Il ne s’agit pas de rivaliser avec Maria Teresa de Noronha, c’est impossible. Mais tout de même… (En plus, je crois bien entendre quelques libertés prises avec la justesse.)
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Ana Moura (née en 1979) • Passos na rua. Carlos Manuel, paroles ; José António Sabrosa, musique (Fado Pintadinho).
Ana Moura, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Jorge Fernando, guitare, arrangement ; Filipe Larsen, basse acoustique.
Enregistrement : Paço d’Arcos (Portugal), studios MDL.
Extrait de l’album Aconteceu / Ana Moura. Portugal, Universal Music Portugal, ℗ 2004.
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Passos na rua, quem passa?
Quem passa traz o passado
Talvez seja uma ameaça
Ou um silêncio de fado
Des pas dans la rue, qui passe ?
Quelqu’un qui porte le passé
Peut-être est-ce une menace
Ou un silence de fado.
Passos na rua quem é?
É um sonho magoado
É a ira da maré
É a morte dum pecado
Des pas dans la rue, qui est-ce ?
C’est un rêve douloureux
C’est l’ire de la marée
C’est la mort d’un péché
Passos na rua, ilusão
De quem quer ouvir tais passos
Talvez seja o coração
A gritar os seus cansaços
Des pas dans la rue, illusion
De qui cherche à les entendre
Ou peut-être est-ce le cœur
Qui crie sa lassitude
Passos na rua, sentença
Dum fado por inventar
Passos na rua, descrença
Deixai os passos passar
Des pas dans la rue, sentence
D’un fado à inventer
Des pas dans la rue, incertitude,
Ces pas, laissez-les passer.
… … Carlos Manuel. Passos na rua (19??).
Carlos Manuel. Des pas dans la rue (19??), traduit de Passos na rua (vers 19??) par L. & L.
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Il manque aussi à Ana la capacité à « estilar », c’est à dire à donner vie aux couplets des fados traditionnels qui se répètent sur une musique identique, sans refrain. Le fado a besoin d’être interprété, comme s’il était vécu. Voilà bien une lacune dont ne souffrait pas Fernando Maurício (1933-2003), qui avait déjà chanté Passos na rua, le poème utilisé par Ana Moura pour son Pintadinho, sur la musique du Fado José António de quadras. « José António » désigne José António Sabrosa, le mari de Maria Teresa de Noronha, également compositeur du Pintadinho.
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Fernando Maurício (1933-2003) • Passos na rua. Carlos Manuel, paroles ; José António Sabrosa, musique (Fado do José António de quadras).
Fernando Maurício, chant ; Manuel Mendes & Armandino Maia, guitare portugaise ; José Maria de Carvalho, guitare ; José Vilela, basse acoustique.
Première publication : disque 45 t Eu quero / Fernando Maurício. Portugal, Estúdio, [1971?].
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