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Fado José António de sextilhas. 3. Carminho • Vem

23 octobre 2024

Fait suite à :

J’ai hésité à donner une place à ce fado-ci, parce que je n’aime pas beaucoup Carminho. Mais enfin, elle n’est pas non plus complètement nulle ; disons que, dans cet échantillon de quatre interprétations du Fado José António de sextilhas, elle représente la génération des fadistes contemporains.

Carminho (née en 1984)Vem. Maria do Rosário Pedreira, paroles ; José António Sabrosa, musique (Fado José António de sextilhas).
Carminho, chant ; Pedro de Castro, guitare portugaise ; Diogo Clemente, guitare classique ; Marino de Freitas, basse acoustique.
Enregistrement : Lisbonne (Portugal), Estúdio6.
Extrait de l’album Canto / Carminho. Portugal, Warner Music, ℗ 2014.

Vem essa coisa qualquer
Como seta despedida
Direita ao meu coração.
E eu choro e rio sem querer,
Nunca de mim tão perdida,
Pobre de mim, tão sem chão.

Elle vient cette chose,
Comme une flèche décochée
En plein dans mon cœur.
Et je pleure et je ris sans le vouloir,
Éperdue comme jamais,
Pauvre de moi, si désemparée !
Que luz é essa que cega,
Que desatina, atordoa,
Que vem de dentro e me invade?
Que me transtorna se chega,
Mas quando parte magoa
Num alívio que é saudade.

Quelle est cette lumière qui aveugle,
Qui trouble, qui sidère,
Qui vient du dedans et me submerge ?
Qui bouleverse quand elle arrive,
Mais qui fait mal quand elle s’en va,
Dans une délivrance qui est saudade.
Vem essa coisa tão estranha
Dar-me um laço que desprende
Tanta doçura que amarga.
E eu pequenina e tamanha
Num corpo que não se rende
A uma estreiteza tão larga.

Elle vient cette chose si étrange,
M’apporter une chaîne qui libère,
Aussi douce qu’elle est amère.
Et moi, toute petite et si grande
Dans un corps qui ne se soumet pas
À une exiguïté aussi large.
Que graça é essa tão séria,
Que corrói até ao osso
E me arde de tão fria?
Dá-me tudo, até miséria,
Vem, meu amor, que eu não posso
Viver assim mais um dia

Quelle est cette grâce si dure
Qui ronge jusqu’à l’os
Et me brûle toute froide ?
Elle me donne tout, même la misère,
Viens mon amour, je ne peux pas
Vivre ainsi un jour de plus.

Maria do Rosário Pedreira (née en 1959). Vem (2014).
Maria do Rosário Pedreira (née en 1959). Viens, traduit de : Vem (2014), par L. & L.

Le texte, écrit spécialement pour Carminho, est de Maria do Rosário Pedreira. Cette écrivaine, poétesse, parolière, éditrice révèle, dans un post de son blog Horas extraordinárias, que Vem — qui fait un usage intensif de l’oxymore — est un hommage à Camões et une « allusion » à son célèbre sonnet Amor é fogo que arde sem se ver, dont voici le premier quatrain, suivi de sa traduction par Anne-Marie Quint :

Amor é fogo que arde sem se ver,
é ferida que dói, e não se sente;
é um contentamento descontente,
é dor que desatina sem doer.

Luís de Camões. Amor é fogo que arde sem se ver. Extrait.

Amour est feu qui brûle et qu’on ne voit pas,
C’est blessure cuisante et que l’on ne sent pas,
Ravissement qui ne sait pas ravir,
Folle douleur qui ne fait pas souffrir.
Luís de Camões. Amour est feu qui brûle et qu’on ne voit pas. Extrait, traduit de Amor é fogo que arde sem se ver par Anne-Marie Quint. Dans : Luís de Camões. Sonnets, édition bilingue, Chandeigne, impr. 2011 (Série Lusitane), ISBN 978-2-915540-82-6

À suivre.

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