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Amália Rodrigues • Caldeirada (Poluição)

18 juillet 2024

Parmi les curiosités du répertoire d’Amália Rodrigues, ce Caldeirada, une sorte de plaidoyer écologiste, figure en bonne place. Une caldeirada est une soupe de poissons. Le mot est formé sur caldeira, qui signifie « chaudron », de même qu’en français on a forgé le mot « cotriade » sur le breton kaoter, « chaudron ».

Caldeirada, sous-titré poluição, fait le récit d’une assemblée générale de créatures marines mettant en accusation l’être humain, coupable de dégrader l’environnement. Publié en 1977, l’enregistrement de cette chanson a été réalisé six ans plus tôt, en 1971. On croirait pourtant un clin d’œil aux innombrables AG et discussions politiques de toute sorte qui se sont tenues juste après la Révolution des œillets.

Caldeirada est la dernière contribution d’Alberto Janes, mort à Lisbonne le 21 octobre 1971, au répertoire d’Amália. Celle-ci lui doit quelques-uns de ses « tubes » : Foi Deus et d’autres, mais surtout Vou dar de beber à dor (La maison sur le port dans son adaptation française).

Amália Rodrigues (1920-1999)Caldeirada (Poluição). Alberto Janes, paroles & musique.
Amália Rodrigues, chant ; José Fontes Rocha & Carlos Gonçalves, guitare portugaise ; Pedro Leal, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Enregistrement : Paço de Arcos, studios Valentim de Carvalho, 1971.
Première publication : disque 45t Caldeirada (Poluição) ; Hortelã mourisca / Amália Rodrigues. Portugal, ℗ 1977.

Note sur la traduction : je n’ai pas jugé utile de traduire avec une exactitude scientifique les noms des poissons, qui semblent, pour certains, avoir été choisis en raison de la métrique ou de la rime. Par exemple, il n’est question ni de « congre » ni de « grondin » dans le texte original.

Em vésperas de caldeirada, o outro dia
Já que o peixe estava todo reunido
Teve o goraz a ideia de falar à assembleia
No que foi muito aplaudido.

Une veille de cotriade,
Tous les poissons étant réunis,
Le pageot prit sur lui de s’adresser à l’assemblée
(Il en fut très applaudi).
Camaradas, principia a ordem do dia
É tudo aquilo que for poluição
Porque o homem, que é um tipo cabeçudo
Resolveu destruir tudo, pois então!

Camarades, à l’ordre du jour :
Toute cette histoire de pollution.
Parce que l’homme, qui est une tête de mule,
A décidé de tout détruire, figurez-vous ;
E com tal habilidade e intensidade
Nas fulgurações do génio
Que transforma a água pura
Numa espécie de mistura
Que nem tem oxigénio.

Et avec une telle habileté, une telle intensité
Dans les éclairs de son génie
Qu’il transforme l’eau pure
En une sorte de mixture
Qui n’a même pas d’oxygène.
E diz ele que é o rei da criação!
As coisas que a gente lhe ouve e tem que ser!
Mas a minha opinião, diz o pargo capatão
Gostava de lha dizer!

Et il se prétend le roi de la création !
Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre !
Ah mais moi, dit le congre,
Je vais lui dire ce que j’en pense !
Pois, se a gente até se afoga, grita a boga,
Por o homem ter estragado o ambiente
Dá cabo da criação, esse pimpão
E isso não é decente!

Oui, crie le grondin, si même nous on se noie
Parce que ce blanc-bec a bousillé l’environnement
On va tous y passer,
C’est indécent !
Diz do seu lugar: tá mau o carapau
Porque, por estes caminhos
Certo vamos mais ou menos
Ficando todos pequenos
Assim como jaquinzinhos.

Non, ça ne va pas, dit le maquereau
Parce que si ça continue
On va tous rapetisser
Et se retrouver
Comme des chinchards.
Diz então o camarão, a certa altura
Mas o que é que nós ganhamos por falar?
Ó seu grande camarão,
Pergunta então o cação
Você nem quer refilar?

C’est alors que la crevette se plaint :
Mais ça nous mène où toutes ces parlottes ?
Eh, Madame de la Crevette,
Demande alors la roussette,
Vous n’avez pas de revendication ?
Se quer morrer, diz a lula,
Toda fula com a mania da cerveja nos cafezes
Morra lá à sua vontade, que assim seja
Para agradar aos fregueses!

Si vous tenez à mourir, dit le calamar,
Que la bière des cafés rendaient hargneux,
Mourez tant qu’il vous plaira
Pour faire plaisir aux clients !
Diz nessa altura a sardinha p’ra tainha
Sabe a última do dia?
A pescadinha, já louca
Meteu o rabo na boca, o que é uma porcaria.

La sardine alors dit au mulet
Vous connaissez la dernière ?
Le merlan est devenu fou,
Voilà qu’il se mord la queue, mais on va où ?
Peço a palavra! gritou o caranguejo
Eu, que tenho por mania observar
Tenho estudado a questão
E vejo a poluição dia e noite a aumentar

Je demande la parole ! s’écrie le crabe.
Moi, qui pratique avec passion l’observation,
J’ai étudié la question
Et je vois la pollution augmenter jour après jour.
Cai do céu a água pura e a criatura
Pensa que aquilo que é dele é um monopólio
Vai a gente beber dela e a goela
Fica cheia de petróleo!

L’eau pure tombe du ciel et ce morveux
Pense que ce qui est à lui est un monopole
Et donc quand on la boit on a le gosier
Tout rempli de pétrole !
A terra e o mar são para o cidadão
Assim como o seu palácio
Se um dia lhe deito o dente
Paga tudo de repente
Ou eu não seja crustáceo!

Pour ce citoyen, la terre et la mer
Sont comme son palais
Le jour où je le pincerai
Il la sentira passer
Ou je ne suis pas un crustacé !
É um tipo irresponsável, grita o sável,
O homem que tal aquele!
Vai à proposta p’rá mesa:
Ou respeita a natureza, ou vamos todos a ele!

C’est un type irresponsable, crie l’aiguillette,
Celui qui se conduit de la sorte.
Je mets cette motion au vote :
Ou il respecte la nature, ou on lui fait sa fête !

Alberto Janes (1909-1971). Caldeirada (Poluição) (1971).
Alberto Janes (1909-1971). Cotriade (pollution), traduit de : Caldeirada (Poluição) (1971), par L. & L.
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