Sérgio Onze • Saudade é o teu nome
Sérgio Onze ou Sérgio da Silva • Saudade é o teu nome. Irina Chitas, paroles ; compositeur non indiqué [Joaquim Campos?, musique (Fado alexandrino de Joaquim Campos)].
Sérgio da Silva, chant ; André Areias, arrangements ; M4sk, percussions ; Mike11, production.
Portugal, ℗ 2021 (première publication).
Vidéo : David Breda Silva & Francisco Fidalgo, réalisation ; Sérgio da Silva & Mike11, participants. Portugal, 2021.
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Ce jeune homme s’appelle Sérgio da Silva, ou Sérgio Onze, c’est selon. Il mène plusieurs activités ; celle qui nous intéresse ici est celle de fadiste, qu’il exerce dans plusieurs maisons de fado de Lisbonne. À propos de Saudade é o teu nome (« Saudade est ton nom ») il écrit sur son compte Instagram :
« Saudade é o teu nome » est né dans un temps prisonnier, sur une table remplie d’amour, le verre à la main. Dans un temps où les « saudades » sont nombreuses. « Saudade é o teu nome » m’a emporté et m’a fait sortir, par moments, du fado traditionnel que j’appelle « maison ».
Sérgio da Silva, 23 juillet 2021, trad. L. & L.
Il dit aussi que ce produit « d’un temps prisonnier », celui du virus universel, est une parenthèse dans son répertoire ; il y est accompagné par Mike11, musicien au profil singulier, pratiquant la guitare portugaise depuis l’âge de 10 ans et désormais introduit sur la scène hip hop et RnB portugaise.
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Saudade é o teu nome
Na varanda beijavam-se
Os montes
Eram rosa os horizontes
Eram brancos
Saudade est ton nom
Sur le balcon ils s’embrassaient
Les monts
Étaient roses les horizons
Étaient blancs.
Quando o balanço foi frágil
Quanto mais ágil o sono
Vieram as gaivotas cantar a manhã
Quand le balancement se fit fragile,
Cédant au sommeil plus agile,
Les mouettes vinrent chanter le matin.
Saudade é o teu nome
A noite já não explode
O peito é fumo meu.
Saudade est ton nom
La nuit n’explose plus
Seule reste ma fumée.
Poisavam poderosas e
Dançavam vigorosas
E só lhes restava o fôlego
Soprado no
amanhã
Elles se posaient puissantes et
Dansaient, vigoureuses
Ils n’avaient plus que leur haleine
Qui s’exhalait dans le
Lendemain
Lisboa acordou para quem não
dormiu
Nasceu e não desistiu
Gemeu de lés a lés
Deitou-se aos pés
de quem foi livre
Lisbonne s’éveilla pour ceux qui
N’ont pas dormi
Elle naquit et demeura,
Gémit de part en part
Se coucha auprès
De ceux qui furent libres.
E ali, onde só os loucos sonham
Onde a noite se veste de seda
Onde o amor vai para não cair
Et là où les fous ont leurs rêves,
Où la nuit s’habille de soie,
Où va l’amour pour ne pas tomber,
Onde os pássaros não têm idade
o cais mudou de nome
E só lhe chama saudade.
Où les oiseaux sont sans âge
Le quai changea de nom
Pour ne plus s’appeler que Saudade.
Saudade é o teu nome
A noite já não explode
O peito é fumo meu.
Saudade est ton nom
La nuit n’explose plus
Seule reste ma fumée.
Irina Chitas. Saudade é o teu nome (2021). Irina Chitas. Saudade est ton nom, trad. par L. & L. de Saudade é o teu nome (2021).
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Par comparaison, voici Sérgio da Silva « à la maison » selon ses propres mots, en l’occurrence à la Parreirinha de Alfama, l’établissement de feu la grande Argentina Santos.
Lágrimas do céu (« Larmes du ciel ») est un texte de fado assez ancien, créé sur une musique du compositeur João Maria dos Anjos. Son association avec le dramatique Fado Cravo d’Alfredo Marceneiro est due à Carminho, friande de musiques susceptibles de permettre à son sens de la grandiloquence de se donner libre cours. C’est cette version que chante ici Sérgio da Silva, toutefois moins enclin que sa collègue aux effets de manche.
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Sérgio da Silva • Lágrimas do céu. Carlos Conde, paroles ; Alfredo Marceneiro, musique (Fado Cravo).
Sérgio da Silva, chant ; Paulo Valentim, guitare portugaise ; Bruno Costa, guitare.
Captation : Lisbonne, Parreirinha de Alfama, 24 juillet 2021.
Vidéo : Aurélio Vasques, réalisation. Portugal, 2021.
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Quando eu canto e a chuva cai
Uma nuvem de incerteza
Paira em mim de quando em quando
Cada gota lembra um ai
A rimar com a tristeza
Dos versos que vou cantando
Quand je chante et que la pluie tombe,
Un nuage d’incertitude
Parfois se répand en moi.
Chaque goutte se souvient d’une plainte
Qui fait une rime à la tristesse
Des poèmes que je chante.
E na doce melodia
De que o fado se reveste
Quando o meu olhar embaça
Vejo a estranha melodia
Da chuva que o vento agreste
Faz murmurar na vidraça
Et dans la douce mélodie
Dont se revêt le fado,
Lorsque mon regard se brouille,
Je vois l’étrange mélodie
De la pluie que le vent mauvais
Fait murmurer aux fenêtres.
Então dou no meu lamento
Ao fado que me prendeu
Rimas tristes, pobrezinhas
Cai a chuva, geme o vento
São as lágrimas do céu
Que fazem brotar as minhas
Alors, dans ma plainte, je donne
Au fado qui m’habite
De pauvres rimes tristes.
La pluie tombe, le vent gémit
Ce sont les larmes du ciel
Qui font sourdre les miennes.
Carlos Conde (1901-1981). Lágrimas do céu (19??).
.Carlos Conde (1901-1981). Les larmes du ciel, trad. par L. & L. de Lágrimas do céu (19??).
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