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Amália Rodrigues • Que Deus me perdoe (& Kirsi Poutanen)

29 octobre 2022

Tout au long des années 1940, Amália a beaucoup joué (et chanté) au théâtre, dans des revues ou des pièces musicales. En 1946 elle était la vedette de l’opérette Mouraria, dans laquelle elle jouait le rôle d’une fadiste nommée « Cesária ». Créée en 1926, la pièce était pour l’occasion remontée dans une nouvelle scénographie, avec l’ajout de deux chansons : Que Deus me perdoe (« Que Dieu me pardonne ») et Sabe-se lá (« Qui sait ? »), composées spécialement pour elle par Frederico Valério, qui était à l’époque son compositeur de prédilection.

Les chansons de Valério chantées par Amália (notamment Ai, Mouraria, qu’elle avait enregistrée au Brésil l’année précédente) obtenaient alors un très vif succès. Dix ans plus tard, en 1956, Ai, Mouraria, Sabe-se lá et Que Deus me perdoe figuraient toutes les trois au programme du premier — et décisif — passage de la chanteuse à l’Olympia de Paris.

Amália Rodrigues (1920-1999)Que Deus me perdoe. João da Silva Tavares, paroles ; Frederico Valério, musique.
Amália Rodrigues, chant ; Domingos Camarinha, guitare portugaise ; Santos Moreira, guitare.
Enregistrement public : Olympia (Paris), avril ou mai 1956.
Première publication dans l’album Amalia à l’Olympia / Amália Rodrigues. France, Pathé Marconi, ℗ 1957.


Se a minha alma fechada
Se pudesse mostrar,
E o que eu sofro calada
Se pudesse contar,
Toda a gente veria
Quanto sou desgraçada
Quanto finjo alegria
Quanto choro a cantar…

Si mon âme secrète
Pouvait s’exposer,
Si ma souffrance muette
Pouvait se raconter,
Chacun pourrait voir
Combien je suis malheureuse,
Combien ma joie est feinte,
Combien je pleure quand je chante…

Que Deus me perdoe
Se é crime ou pecado,
Mas eu sou assim
E fugindo ao fado,
Fugia de mim.
Cantando dou brado
E nada me dói
Se é pois um pecado
Ter amor ao fado,
Que Deus me perdoe.

Que Dieu me pardonne
Si c’est crime ou péché,
Mais je suis ainsi
Et fuir le fado
Serait me fuir moi-même.
Chanter, c’est comme crier
Pour soulager mon mal
Alors, si c’est un péché
Que d’aimer le fado,
Que Dieu me pardonne !

Quando canto não penso
No que a vida é de má,
Nem sequer me pertenço,
Nem o mal se me dá.
Chego a crer na verdade
E a sonhar – sonho imenso –
Que tudo é felicidade
E tristeza não há.

Quand je chante, j’oublie
La dureté de la vie.
Je ne m’appartiens plus,
Le mal ne m’atteint plus.
Je crois même en la vérité
Et je rêve — rêve insensé —
Que le bonheur triomphe,
Que la tristesse est abolie.
João da Silva Tavares (1893-1964). Que Deus me perdoe, de Mouraria, opérette de Lino Ferreira, Silva Tavares & Lopo Lauer, musique de Filipe Duarte, nouvelle version avec deux fados supplémentaires de Silva Tavares, musique de Frederico Valério (1946).
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João da Silva Tavares (1893-1964). Que Dieu me pardonne, trad. par L. & L. de Que Deus me perdoe, opérette de Lino Ferreira, Silva Tavares & Lopo Lauer, musique de Filipe Duarte, nouvelle version avec deux fados supplémentaires de Silva Tavares, musique de Frederico Valério (1946).

Il existe une version de Que Deus me perdoe dans la fascinante langue finnoise. Elle figure sur un album entièrement consacré à des reprises d’Amália publié en Finlande en 2013, enregistré par une certaine Kirsi Poutanen (dont je ne sais rien, strictement rien). Bien qu’accompagnée par la crème des instrumentistes du fado de Lisbonne (José Manuel Neto, son compère Carlos Manuel Proença et Daniel Pinto), Kirsi me donne l’impression de priver ce qu’elle chante de tout caractère fadiste (même le second refrain qu’elle reprend en portugais) ; c’est très curieux. En outre, plus curieux encore, j’ai aussi l’impression que les guitaristes n’y croient pas non plus. Une hallucination ? Cela dit elle a une voix très agréable et elle chante très bien.

Kirsi PoutanenKai anteeksi saan. Tarja Härkönen, paroles ; Frederico Valério, musique. Adaptation finnoise de Que Deus me perdoe. João da Silva Tavares, paroles originales portugaises.
Kirsi Poutanen, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare & arrangement ; Daniel Pinto, basse acoustique.
Chanté en finnois, avec un court passage en portugais. Enregistrement : Montijo (Portugal), studio Safraan.
Extrait de l’album Amália tribute / Kirsi Poutanen. Finlande, Rocket Records, ℗ 2013 .

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