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Amor sem casa | Karina Beorlegui, Amália Rodrigues

26 mars 2015

Une curiosité.

Karina Beorlegui y Los Primos Gabino | Amor sem casa. Teresa Rita Lopes, poème ; Alain Oulman, musique ; Karina Beorlegui, chant ; Los primos Gabino (Nacho Cabello, Juan Pablo Esmok Lew y Esteban Ruiz), guitares. Captation : concert « Tango & Fado » au café El Faro, Villa Urquiza, Buenos Aires (Argentine), 15 février 2013.

Est-ce la perspective d’interpréter un fado du répertoire d’Amália, — une grande dame du fado comme elle l’était, une très grande dame —, qui l’a conduite, elle, une jeune Argentine au nom basque comme nombre de ses compatriotes, à faire placer le micro très haut, ce qui l’oblige à l’effort permanent, lorsqu’elle chante, de se hisser sur les mollets pour l’atteindre et à déployer ses bras comme pour s’y agripper ? (Ou est-ce que l’articulation du pied de ce micro est bloquée ?)

C’est un choix étonnant que cet Amor sem casa, composé par Alain Oulman, enregistré à deux reprises (1967 et 1968) par Amália Rodrigues et resté chaque fois inédit. Le premier de ces enregistrements n’a été révélé qu’en 1997 (soit deux ans avant la mort de la fadiste) sur l’album Segredo constitué de splendides « fonds de tiroir » des années 60 et 70, l’autre à l’occasion de la réédition, en 2010, de l’album Com que voz de 1970 accompagné d’un CD d’inédits. Le texte est de Teresa Rita Lopes, poète et chercheuse en littérature portugaise réfugiée en France en 1963 pour cause d’incompatibilité d’humeur avec le régime salazariste. Elle a soutenu à Paris une thèse sur Fernando Pessoa dont elle est spécialiste, avant de rentrer au Portugal en 1976. Le poème sur lequel est composé le fado Amor sem casa constitue la première partie d’un triptyque intitulé O amor sem rosto (L’amour sans visage).

Quant à Karina Beorlegui, qui est chanteuse, actrice et danseuse, née à Buenos Aires en 1970, elle semble fascinée par le fado tout autant que par le tango. Ses concerts, de même que ses enregistrements, mêlent les deux genres. Elle a d’ailleurs fondé dans sa ville natale un cycle de concerts dénommé Fado-Tango Club qui a connu sa 6e édition en 2014 : Buenos Aires n’est-elle pas, comme Lisbonne, posée au bord d’un estuaire ? Avec un peu d’imagination on pourra trouver dans son style de chant (sinon dans son accent) une évocation de la manière de Mísia, qui s’est d’ailleurs quant à elle intéressée au tango. La guitare portugaise est d’une grande étrangeté.

Amália Rodrigues | Amor sem casa. Teresa Rita Lopes, poème ; Alain Oulman, musique ; Amália Rodrigues, chant ; Raúl Nery & José Fontes Rocha, guitares portugaises ; Júlio Gomes, guitare classique ; Joel Pina, basse acoustique. Bande son extraite de l’album Segredo (1997). Enregistrement : 1967.

O amor sem rosto
o amor sem casa
pássaro pequeno
de asa tão leve
L’amour sans visage
l’amour sans maison
petit oiseau
aux ailes légères
de asa tão leve
pra onde me levas
o amor sem casa
o amor sem tréguas
aux ailes légères
où m’emmènes-tu
l’amour sans maison
l’amour sans trêve
o amor sem tréguas
o amor sem guerras
asa sem destino
pra onde me levas
l’amour sans trêve
l’amour sans guerre
aile qui vole sans but
où m’emmènes-tu
pra onde me levas
deixai-me levar*
[deixai-me ficar]**
não quero amanhã
hora de chegar
où m’emmènes-tu
je voudrais me laisser porter*
[je voudrais rester]**
et qu’il n’y ait demain
ni heure d’arrivée
hora de chegar
a lugar nenhum
deixai-me ficar
deixai-me partir
*
ni heure d’arrivée
ni lieu d’arrivée
je voudrais rester
je voudrais partir
*
deixai-me partir
não sei por que estou
não sei por que vim
não sei por que vou
*
je voudrais partir
je ne sais ni pour quoi je suis là
ni pour quoi je suis venue
ni pour quoi je m’en vais
*
[não sou de ninguém
deixai-me ficar
deixai-me ficar
não sei porque vim]**
[je ne suis à personne
je voudrais rester
je voudrais rester
je ne sais pourquoi je suis venue]**
[Deixai-me partir
não sei porque vou]**
[je voudrais partir
je ne sais pourquoi je m’en vais]**
não sei por que vou
que vento me leva
o amor sem rosto
o amor sem tréguas
je ne sais pour quoi je m’en vais
quel vent m’emmène
l’amour sans visage
l’amour sans trêve
não sei onde vou
que sopro me arrasta
o amor sem rosto
o amor sem casa
je ne sais où je vais
quel souffle m’emporte
l’amour sans visage
l’amour sans maison
Teresa Rita Lopes (née en 1937). O amor sem rosto, I. Publié dans le recueil : Os dedos os dias as palavras (1987). Teresa Rita Lopes (née en 1937). L’amour sans visage, I,
traduit de O amor sem rosto, I par L. & L.

* Parties du poème non reprises dans le fado
** Parties de texte propres au fado

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