Não vou, não vou
Réécouté Não vou, não vou ces jours-ci, je l’avais en tête.
C’est un « fado-chanson » fait d’un poème de Júlio de Sousa (1906-1966) – auteur du célèbre Fado da loucura – mis en musique par Mário Moniz Pereira (1921-2016) – à qui on doit aussi, entre autres, celle de Valeu a pena, popularisée par Maria da Fé. Lorsqu’il est chanté par celle qu’on désigne en général comme sa créatrice, Lucília do Carmo, avec son style direct, dépourvu de tout effet, il témoigne d’une forme de classicisme.
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Lucília do Carmo (1919-1998) • Não vou, não vou. Júlio de Sousa, paroles ; Moniz Pereira, musique. Autre titre : Chaves da vida.
Lucília do Carmo, chant ; António Chainho & Fernando Freitas, guitare portugaise ; Martinho d’Assunção, guitare ; José Maria Nóbrega, basse acoustique.
Extrait de l’album Lucília do Carmo. Portugal, Trova, ℗ 1978.
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Eu tinha as chaves da vida e não abri
As portas onde morava a felicidade
Eu tinha as chaves da vida e não vivi
A minha vida foi toda uma saudade
J’avais les clés de la vie et je n’ai pas ouvert
Les portes de la demeure du bonheur.
J’avais les clés de la vie et je n’ai pas vécu ;
Ma vie entière n’a été qu’une « saudade »
E tanta ilusão que tive e foi perdida
E tanta esperança no amor foi destroçada
Não sei porque me queixo desta vida
Se não quero outra vida para nada
Que d’illusions j’avais, toutes perdues,
Et que d’espoirs d’amour, anéantis.
Mais pourquoi me plaindre de cette vie,
Alors que je n’en veux pas d’autre ?
Se foi para isto que nasci
Se foi para isto que hoje sou
Se foi só isto que mereci
Não vou, não vou
Si c’est pour ça que je suis née
Si c’est pour ça que je suis là
Si c’est tout ce que j’ai mérité,
Non merci, non merci !
Podem passar bocas pedindo
Olhos em fogo tudo acabou
Pode passar o amor mais lindo
Não vou, não vou
Des bouches peuvent s’offrir
Ou des yeux de braise, tout ça c’est fini
Le plus bel amour peut se présenter
Non merci, non merci !
Eu tinha as chaves da vida e fui roubada
Mataram dentro de mim toda a poesia
Deixaram só tristeza sem mais nada
E a fonte dos meus olhos que eu não queria
J’avais les clés de la vie, on m’a volée
On a tué en moi toute la poésie
Pour ne me laisser que de la tristesse
Et la fontaine de mes yeux dont je ne voulais pas.
… … Júlio de Sousa (1906-1966). Não vou, não vou (19??).
Júlio de Sousa (1906-1966). Non merci !, traduit de Não vou, não vou (19??), par L. & L.
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La version plus récente d’Aldina Duarte est peut-être plus connue désormais. Dans son style de chant très simple, presque pauvre – qui évoque d’ailleurs, quoique avec moins de densité, celui de Lucília do Carmo –, on la voit reprendre ce fado dans le film franco-portugais A religiosa portuguesa (« La religieuse portugaise »), d’Eugène Green (2009). Auparavant, elle en avait publié un enregistrement dans son album Mulheres ao espelho (« Femmes au miroir », 2008) :
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Aldina Duarte (née en 1967) • Não vou, não vou. Júlio de Sousa, paroles ; Moniz Pereira, musique. Autre titre : Chaves da vida.
Aldina Duarte, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare ; José Maria Nóbrega, basse acoustique.
Enregistrement : décembre 2007.
Extrait de l’album Mulheres ao espelho / Aldina Duarte. Portugal, Roda-lá Music, ℗ 2008.
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Vu qu’il a un refrain, Não vou, não vou n’est pas considéré comme un fado « castiço » (« authentique »). Mais il suffit de lui ôter ce refrain et il le devient. On en trouve un exemple sur l’Internet, chanté sur une musique de fado traditionnel, le Fado Varela, du fadiste Renato Varela (1909-1946). Pour des raisons techniques, on ne peut pas l’intégrer à un site tiers, il faut l’entendre directement sur YouTube, où il est identifié sous son titre alternatif, Chaves da vida (« Clés de la vie »).
Revenons au fado-chanson, celui avec un refrain et la musique de Moniz Pereira. En voici, pour terminer, une version assez différente des deux précédentes. Le chanteur s’appelle Sérgio Frazão.
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Sérgio Frazão • Chaves da vida. Júlio de Sousa, paroles ; Moniz Pereira, musique. Autre titre : Não vou, não vou.
Sérgio Frazão, chant ; instrumentistes non identifiés.
Vidéo : extrait d’une émission de télévision non identifiée.
2008, mise en ligne.
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