Mísia • O vendaval (1991)

Mísia (1955-2024). album Mísia, EMI-Valentim de Carvalho, 1991.
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Si je ne me trompe pas, le premier album de Mísia distribué en France est son troisième, Tanto menos tanto mais (1995). C’est à ce moment-là que j’ai entendu parler d’elle pour la première fois, à la radio. Les deux albums précédents je ne les ai connus que plus tard ; d’abord le deuxième, Fado (1993), puis le premier, Mísia (1991), que j’ai réécouté ces jours derniers et qui manifeste une maîtrise assez étonnante pour un début. C’est à dire qu’elle avait déjà 35 ans lorsqu’elle l’a enregistré. Elle avait du métier, acquis en Espagne où elle vivotait dans la variété, au point qu’elle s’est décidée à rentrer au Portugal pour tenter de s’épanouir dans le fado, celui de son adolescence vécue à Porto. À Madrid elle était encore Susana Aguiar – son nom d’état civil. C’est à Lisbonne, avec ce premier album, qu’elle devient Mísia. Le répertoire hésite encore, le programme du disque compte plus de chansons que de fados à proprement parler, mais le tout est interprété dans le style et avec l’engagement du fado. C’est un disque de fado.
De cet album , O vendaval (« La tempête »), une reprise d’un « fado-chanson » des années 1960, est la seule plage que Mísia ait retenue dans sa compilation-rétrospective Do primeiro fado ao último tango (« Du premier fado au dernier tango »), conçue par elle et publiée en 2016 pour ses 25 ans de carrière.
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Mísia (1955-2024) • O vendaval. Joaquim Pimentel & António da Fonseca Rodrigues, paroles & musique.
Mísia, chant ; António Chainho, guitare portugaise ; Carlos Proença, guitare ; Pedro Nóbrega, basse acoustique. António Chainho, production.
Enregistrement : Paço d’Arcos (Portugal), studios Valentim de Carvalho, entre décembre 1990 et mars 1991.
Extrait de l’album Mísia. Portugal, Edições Valentim de Carvalho, ℗ 1991.
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Para onde vou, não sei
O que farei, sei lá
Só sei que me encontrei
E que eu sou eu, enfim
E sei que ninguém mais rirá de mim
Je ne sais pas où je vais,
Ni ce que je vais faire.
Mais je sais que je me suis trouvé,
Que je suis enfin moi-même
Et que nul ne rira jamais plus de moi.
O vendaval passou, nada mais resta
A nau do meu amor tem novo rumo
Igual a tudo aquilo que não presta
O amor que me prendeu desfez-se em fumo
La tempête est passée ; elle n’a rien laissé,
La barque de mon amour suit un nouveau cap.
Comme tout ce qui est futile,
L’amour qui m’avait saisi est parti en fumée.
Navego agora em mar de calmaria
Ao sabor da maré em verdes águas
Ao leme, o esquecimento e a alegria
Vou deixando para trás as minha mágoas
À présent je navigue en eaux calmes
Au gré de la marée, dans une mer verte,
Avec à la barre, la liesse et l’oubli
Et je laisse mes chagrins derrière moi.
Para onde vou, não sei
O que farei, sei lá
Só sei que me encontrei
E que eu sou eu, enfim
E sei que ninguém mais rirá de mim
Je ne sais pas où je vais,
Ni ce que je vais faire.
Mais je sais que je me suis trouvé,
Que je suis enfin moi-même
Et que nul ne rira jamais plus de moi.
Longe no cais, ficou a tua imagem
Mal a distingo já, desvanecida
Comigo a alegrar-me a viagem
Vão andorinhas de paz, de nova vida
Loin, sur le quai, est restée ton image
Elle s’estompe, je la distingue à peine.
Avec moi, pour égayer mon voyage,
Volent des hirondelles de paix, de renouveau.
Sigo tranquilo o rumo da esperança
Buscando aquela paz apetecida
Para ti eu fui um lago de bonança
E tu um vendaval na minha vida.
Tranquille, j’ai mis le cap sur l’espérance
À la recherche de cette paix tant désirée.
Pour toi, j’étais un lac immobile
Et toi, une tempête dans ma vie.
… … António da Fonseca Rodrigues. O vendaval (pas après 1962).
António da Fonseca Rodrigues. La tempête, traduit de O vendaval (pas après 1962), par L. & L.
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O vendaval est une création de Tony de Matos (1924-1989), une sorte de crooner qui s’illustrait dans le « fado-chanson », mais surtout dans un répertoire de variété « romantique » – pour reprendre une épithète largement utilisée à l’époque pour la publicité de ses disques et de ses galas (il a enregistré une version portugaise d’Aline [la célèbre chanson de Christophe], malheureusement introuvable sur l’Internet). O vendaval, enregistrée au Brésil, a connu un énorme succès au Portugal en 1962, de même d’ailleurs que Só nós dois, parue en même temps, elle aussi reprise par Mísia dans le courant de sa carrière.
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Tony de Matos (1924-1989) • Vendaval. Joaquim Pimentel & António da Fonseca Rodrigues, paroles & musique.
Tony de Matos, chant ; accompagnement d’orchestre.
Enregistré au Brésil.
Première publication : disque 45 tours Só nós dois ; Procuro e não te encontro ; Vendaval ; Lado a lado / Tony de Matos. Portugal, Carioca, [1962].
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