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Mísia • Venho de longe, Lisboa (2009)

25 juillet 2024

Venho de longe, Lisboa (« Je viens de loin, Lisbonne »), enregistré à Paris, extrait du double album Ruas publié en 2009, serait l’un de mes morceaux favoris de Mísia sans l’horripilante intrusion finale d’un violon pleurnichard et m’as-tu-vu, presque obscène.

Rosa Lobato de Faria (1932-2010), l’autrice de ce joli texte, était à la fois actrice, romancière, dramaturge, poétesse (de toute son œuvre, seul un roman est traduit en français). Elle ne dédaignait pas d’écrire pour la chanson ni, on le voit, pour le fado. Quant au compositeur, Nuno da Nazareth Fernandes (né en 1942), très éclectique lui aussi, il s’est illustré aussi bien dans les arts graphiques que dans la musique et la poésie.

Mísia (née en 1955)Venho de longe, Lisboa. Rosa Lobato de Faria, paroles ; Nuno da Nazareth Fernandes, musique.
Mísia, chant ; Ângelo Freire, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare ; Daniel Pinto, basse acoustique ; Luís Pacheco Cunha, violon ; Daniel Mille, accordéon.
Enregistrement : Paris, studio Acousti.
Extrait de l’album Ruas / Mísia. France, ℗ 2009.

Venho a ti de mãos abertas
Como se fossem de espanto
Trago a chama dos poetas
Sob uma vela de pranto.

Je viens à toi les mains ouvertes
Comme si elles étaient de stupeur,
Portant la flamme des poètes
Sous une voile de pleurs.
Venho a ti de mãos fechadas
Como se fossem de bruma
Trago a flor das madrugadas
Nos meus cabelos de espuma.

Je viens à toi les mains fermées
Comme si elles étaient de brume,
Portant la fleur des aurores
Dans ma chevelure d’écume.
Venho de longe, Lisboa
Desaguar no teu regaço
O meu corpo de canoa
Amortalhado de espaço.
Venho de longe, Lisboa
Agasalhar no teu cais
O meu corpo de falua
Despido nos temporais.

Je viens de loin, Lisbonne,
Amarrer à tes genoux
Mon corps de goélette
Pris dans un linceul d’immensité.
Je viens de loin, Lisbonne,
Mettre à l’abri de ton quai
Mon corps de felouque
Dépouillé par les vents.
Venho a ti de mãos vazias
Perdi sonhos no caminho
Quero pousar os meus dias
No teu vestido de linho.

Je viens à toi les mains vides :
J’ai laissé des rêves en chemin.
Je veux déposer mes jours
Dans ta tunique de lin.
Venho a ti de pés descalços
Como se fossem de vento.
Sou a sombra de dois braços
Na laje do esquecimento.

Je viens à toi les pieds nus
Comme s’ils étaient de vent.
Je suis l’ombre de deux bras
Sur la tombe de l’oubli.
Só tu sabes o meu nome
Por isso a ti me confio
Com fados mata-me a fome
Com penas tira-me o frio.
Quero voar no teu sono
Como a gaivota no rio
Que viveu por não ter dono
Que morreu por desafio!

Toi seule connais mon nom
C’est pourquoi je me confie à toi.
Nourris-moi de tes fados
Réchauffe-moi de peines et de plumes.
Je veux voler dans ton sommeil
Comme sur le fleuve la mouette
Qui a voulu vivre sans maître
Et qui est morte par défi !

Rosa Lobato de Faria (1932-2010). Venho de longe, Lisboa (2009).
Rosa Lobato de Faria (1932-2010). Je viens de loin, Lisbonne, traduit de : Venho de longe, Lisboa (2009), par L. & L.
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  1. Avatar de MD1
    MD1 permalink
    25 juillet 2024 21:40

    Bravo pour la remarque sur les violons souvent inutiles sinon hors de propos dans nos beaux poèmes chantés dans ce beau style fadiste.

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