Fado Proença. 3. Júlio Vieitas & António Pinto Basto
Fait suite à :
- Fado Proença. 1. Artur Batalha • Noites perdidas
- Fado Proença. 2. Maria Teresa de Noronha • Caminhos sem fim
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Não te quero perder (« Je ne veux pas te perdre »), interprété sur le Fado Proença par Júlio Vieitas (1915-1990) date de 1979, mais on lui donnerait des années-lumières de plus tant le style en paraît aujourd’hui suranné. Sans doute l’était-il déjà à l’époque : il est issu d’un album collectif, enregistré par six fadistes, six hommes, et publié sous le titre O fado da velha guarda (« Le fado de la vieille garde »). Júlio Vieitas, de même que Frutuoso França (1912-2000) et Gabino Ferreira (1922-2011), présents dans ce même album, étaient des chanteurs issus d’un circuit amateur ancré dans l’ancienne tradition fadiste et se sont peu produits dans les grandes maisons de fado lisboètes où on venait écouter Marceneiro, Hermínia, Lucília do Carmo et autres. Ils n’ont eu de ce fait qu’un accès limité, voire très limité, à l’édition discographique, de même qu’à la radio et à la télévision.
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Júlio Vieitas (1915-1990) • Não te quero perder. Júlio Vieitas, paroles ; Júlio Proença, musique (Fado Proença).
Júlio Vieitas, chant ; António Parreira & Armandino Maia, guitare portugaise ; José Maria de Carvalho, guitare ; Francisco Gonçalves, basse acoustique.
Extrait de l’album O fado da velha guarda / Frutuoso França, Gabino Ferreira, José Coelho et 3 autres. Portugal, Riso e ritmo discos, [1979?].
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Andei perdido no cais
Nesse dia negro dia
Sem te ver na despedida
Entre gemidos e ais
O mar revolto bramia
Insultando a própria vida
Sur ce quai, en ce triste jour,
Je me sentais perdu,
Je te voyais à peine.
Entre pleurs et soupirs,
La mer mauvaise rugissait,
Comme insultant la vie.
Após a tua partida
Vagueei pela cidade
Quis esquecer-te e bebi
Quis dar novo rumo à vida
Mar era sempre a saudade
Que me falava de ti
Après ton départ
J’ai erré dans la ville.
Je voulais oublier. J’ai bu.
J’ai voulu refaire ma vie,
Mais toujours la « saudade »
Me reparlait de toi.
Há quem não pense nem veja
Há mesmo quem não suporte
Esta razão singular
Quando a gente se deseja
Há só um fim, só a morte
Nos consegue separar
Certains ne pensent ni ne voient,
Certains même ne peuvent endurer
Cette raison singulière :
Quand on s’aime vraiment,
Il n’y a qu’une fin : seule la mort
Peut nous séparer.
Perdi-te, fiz falsas juras
Partiste e por cá fiquei
Alguns anos sem te ver
Quero esquecer tais loucuras
Agora que te encontrei
Jamais te quero perder
Je t’ai perdue, j’ai été parjure,
Tu es partie, j’ai passé ici
Des années sans te voir.
Je veux oublier toutes mes folies.
Puisque je t’ai retrouvée
Je ne veux plus te perdre.
… … Júlio Vieitas (1915-1990). Não te quero perder. Júlio Vieitas (1915-1990). Je ne veux pas te perdre, traduit de : Não te quero perder par L. & L.
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Le Fado Proença a connu nombre d’interprètes appartenant à toutes les générations de fadistes. António Pinto Basto (né en 1952), à la carrière un peu discontinue et à la discographie peu abondante, en a enregistré une version assez jolie quoique un peu appliquée, dans un album publié en 2007, Bodas de coral (« Noces de corail »). Elle vaut surtout par son poème, Aquela névoa (« Cette brume »), signé du dramaturge Tiago Torres da Silva (né en 1969), parolier à ses heures et collaborateur occasionnel de Mísia, Ricardo Ribeiro et d’autres.
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António Pinto Basto (né en 1952) • Aquela névoa. Tiago Torres da Silva, paroles ; Júlio Proença, musique (Fado Proença).
António Pinto Basto, chant ; instrumentistes non identifiés.
Extrait de l’album Bodas de coral / António Pinto Basto. Portugal, ℗ 2007.
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Quem sabe se já morri
Ou se fiquei preso a ti
Numa praia, ainda à espera
Que, do denso nevoeiro
Possa inventar-se, em Janeiro
Um dia de Primavera
Qui sait si je suis mort,
Ou naufragé sur une plage,
Encore obsédé de toi, espérant
Que de cet épais brouillard
Puisse, en janvier, s’inventer
Une journée de printemps.
A tua saudade levo-a
Agarrada àquela névoa
Que nos deixa ficar sós
Eu, um rio à minha sorte
A correr cego e sem norte
Sem saber se tenho foz
Ton souvenir, je le porte
Accroché à cette brume
Qui nous permet d’être seuls,
Moi, un fleuve à l’aventure
Coulant aveugle et sans but,
Dans l’ignorance de son estuaire
E tu, que és só um adeus
Faz dos meus olhos os teus
Do meu, o teu coração
E diz-me, que eu não me lembro
Se posso ver em Dezembro
Um dia quente de Verão
Et toi qui n’es qu’un adieu.
Fais de mes yeux tes yeux,
De mon cœur ton cœur
Et dis-moi, car je l’ai oublié,
Si je peux voir en décembre
Une chaude journée d’été.
… … Tiago Torres da Silva (né en 1969). Aquela névoa. Tiago Torres da Silva (né en 1969). Cette brume, traduit de : Aquela névoa par L. & L.
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Demain, ou après-demain ou plus tard, un dernier billet sur le Fado Proença consacré à deux fadistes d’aujourd’hui.
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