Μελίνα Τανάγρη [Melína Tanágrī] • La foule
L’image est dégradée, mais le son préservé permet d’apprécier l’excellente diction française de Μελίνα Τανάγρη [Melína Tanágrī], dont le timbre convient bien au répertoire d’Édith Piaf. La captation, due selon toute probabilité à la télévision publique grecque, est à peu près contemporaine de celle de Άσε με εδω [ ̓Ase me edō] (voir le billet précédent).
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Μελίνα Τανάγρη [Melína Tanágrī] • La foule. Michel Rivgauche, paroles ; Ángel Cabral, musique. La musique est celle de Que nadie sepa mi sufrir (1936), une « valse péruvienne », paroles originales de Enrique Dizeo.
Μελίνα Τανάγρη [Melína Tanágrī], chant ; pianiste non identifié.
Vidéo : Extrait d’une émission de télévision non identifiée. Producteur probable : Grèce, ΕΡΤ [ERT] (Ελληνική Ραδιοφωνία Τηλεόραση [Ellīnikí Radiofōnía Tīleórasī]), [1987].
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Je revois la ville en fête et en délire
Suffoquant sous le soleil et sous la joie
Et j’entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi ;
Et perdue parmi ces gens qui me bousculent,
Étourdie, désemparée, je reste là,
Quand soudain, je me retourne, il se recule
Et la foule vient me jeter entre ses bras.Emportés par la foule qui nous traîne,
Nous entraîne,
Écrasés l’un contre l’autre,
Nous ne formons qu’un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous deux
Épanouis, enivrés et heureux.Entraînés par la foule qui s’élance
Et qui danse
Une folle farandole
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés,
Nos deux corps enlacés s’envolent
Et retombent tous deux
Épanouis, enivrés et heureux.
Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi,
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l’arracher d’entre mes bras.Emportés par la foule qui nous traîne,
Nous entraîne,
Nous éloigne l’un de l’autre,
Je lutte et je me débats.
Mais le son de ma voix
S’étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur, de fureur et de rage
Et je pleure !Entraînée par la foule qui s’élance
Et qui danse
Une folle farandole,
Je suis emportée au loin
Et je crispe mes poings,
Maudissant la foule qui me vole
L’homme qu’elle m’avait donné
Et que je n’ai jamais retrouvé.
Michel Rivgauche (1923-2005). La foule (1957).
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