Romanza di Liolà • Pirandello, Piovani
C’est une chanson dont je ne connais pas très bien l’histoire, du moins celle de la version reproduite ici. Nicola Piovani, pianiste, compositeur de très nombreuses musiques de film pour les plus grands cinéastes italiens, compositeur pour le théâtre aussi, en revendique la musique. Quant au texte, il est attribué à l’écrivain sicilien Luigi Pirandello (1867-1936), mais ce qui est chanté ne correspond pas mot pour mot au texte de la pièce Liolà dont il est sensé être extrait.
Liolà, « comédie champêtre en trois actes » est une pièce écrite par Pirandello dans le dialecte sicilien d’Agrigente, représentée pour la première fois en 1916 (l’auteur lui-même en a produit une version italienne une dizaine d’années plus tard). Le héros en est Neli Schillaci, dit Liolà, personnage insouciant, aimant la nature, le monde, l’amour, prompt à s’exprimer en chantant (les passages chantés sont indiqués dans le texte, sans qu’aucune musique soit notée).
La « romance » de Liolà est chantée dans cet enregistrement, réalisé à l’initiative de Nicola Piovani et dirigé par lui, par le ténor Vittorio Grigolo.
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Nicola Piovani • Romanza di Liolà. Luigi Pirandello, paroles ; Nicola Piovani, musique.
Vittorio Grigolo, chant ; Brescia Orchestra, Nicola Piovani, direction.
Extrait de l’album Piovani Cantabile. Italie, ℗ 2013.
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On trouvera ci-dessous la version la plus proche du texte de la chanson que j’aie pu trouver, suivie de l’extrait de la pièce de Pirandello, le tout accompagné d’un essai de traduction française.
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D’un regnu di biddizzi e di valuri
avi a èssiri ô meno la riggina,
chidda chi mm’avi a vvinciri d’amuri
chidda chi mm’avi a vvinciri lu cori,
chidda chi mm’avi a mettiri a ccatina.
D’un royaume de beauté et de valeur
Il faudra au moins qu’elle soit la reine
Celle qui me vaincra d’amour
Celle qui conquerra mon cœur
Celle qui m’enchaînera.
Haju pi ciriveddu un firrialoru:
lu ventu sciuscia e mi lu fa girari.
cu mmia lu munnu gira tutt’a ccoru,
e nun cc’è vversu ca si po’ firmari
e nun cc’è vversu ca si po’ firmari.
J’ai pour cervelle une crécelle :
Un souffle du vent me la fait tourner.
Et avec moi tourne le monde entier,
Aucun ordre ne peut l’arrêter
Aucun ordre ne peut l’arrêter.
L’amuri havi quattru’arvuli hhiurati,
unu d’aranciu, n’autru di lumia,
n’autri di gersumini spampanati,
n’autru la rama di la gilusia
chi fa l’amanti tutti disperati.
L’amour a quatre arbres fleuris
Un d’oranges, un autre de citrons,
Un autre de jasmins épanouis,
Un autre est le rameau de la jalousie
Qui remplit l’amant de désespoir.
Luigi Pirandello (1867-1936). Romanza di Liolà.
Source : L’amore: dalle serenate alle emoji su Whatsapp – X edizione “Volalibro”, dans : Il Primato Netino, 16 mars 2018..Luigi Pirandello (1867-1936). Romanza di Liolà. Essai de traduction L. & L.
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Liolà:
[…]
D’un regnu di biddizzi e di valuri
avi a èsseri ô meno a riggina,
chidda chi mm’avi a vvinciri d’amuri,
chidda chi mm’avi a mèttiri a ccatina.
Liolà:
[…]
D’un royaume de beauté et de valeur
Il faudra au moins qu’elle soit la reine
Celle qui me vaincra d’amour
Celle qui m’enchaînera.
[…]Liolà:
Haju pi ciriveddu un firrialoru:
sciuscia lu ventu e mi lu fa girari.
Gira cu mmia lu munnu tutt’a ccoru,
e nun cc’è vversu ca si po’ firmari.
[…]Liolà:
J’ai pour cervelle une crécelle,
Un souffle du vent me la fait tourner.
Et avec moi tourne le monde entier,
Aucun ordre ne peut l’arrêter.
[…]Oggi pi ttìa ti dicu ca nni moru,
ma tu dumani cchiù nun m’aspittari.
Haju pi ciriveddu un firrialoru,
sciuscia lu ventu e mi lu fa girari.
[…]Aujourd’hui pour toi je dis que je meurs,
Mais toi demain, ne m’attends plus.
J’ai pour cervelle une crécelle,
Un souffle du vent me la fait tourner.
Luigi Pirandello (1867-1936). Liolà (version sicilienne, 1916), premier acte. Source : PirandelloWeb. Luigi Pirandello (1867-1936). Liolà (version sicilienne, 1916), premier acte. Essai de traduction L. & L.
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