Amália Rodrigues • Fado Alfacinha (1958)
Teus olhos, quem há que ao vê-los
Tão doces na tua face,
Não lhe apeteça comê-los
Como dois olhos de alface?
António Feijó (1859-1917). Fado Alfacinha (1926, posthume). Extrait.Qui, en voyant tes yeux,
Si suaves dans ton visage,
Ne voudrait les manger
Comme deux cœurs de salade ?
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Alfacinha est un sobriquet désignant les Lisboètes. Il est formé sur le mot alface – qui se prononce à peu de chose près comme si c’était un mot français. Ce terme, d’origine arabe comme beaucoup de mots portugais, désigne la laitue : autrefois, Lisbonne aurait été réputée pour son importante consommation de salade.
Fado Alfacinha résulte de la mise en musique de quatre des six strophes d’un poème original intitulé Guitarra (« Guitare ») dû à António Feijó (1859-1917), un poète généralement rattaché au mouvement parnassien. Relativement peu influent au Portugal, le Parnasse semble au contraire avoir rencontré un écho considérable au Brésil, où António Feijó a accompli la première partie de sa carrière de diplomate (poursuivie en Suède où il est mort en 1917).
La musique très allante composée par Jaime Santos (qui assure avec un merveilleux brio la partie de guitare portugaise sur l’enregistrement), devenue un classique, a été largement réutilisée avec d’autres textes sous le nom du fado pour lequel elle a été conçue : Fado Alfacinha.
J’aime beaucoup ces enregistrements des années 1950 et cette voix d’Amália, encore légère et d’une très grande agilité. Quelques mois encore et elle basculera dans la période marquée par la rencontre avec Alain Oulman. La tonalité musicale du répertoire changera profondément, et avec elle la voix qui s’y adaptera naturellement.
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Amália Rodrigues (1920-1999) • Fado Alfacinha. António Feijó, paroles ; Jaime Santos, musique (Fado Alfacinha).
Amália Rodrigues, chant ; Jaime Santos, guitare portugaise ; Santos Moreira, guitare classique.
Première publication : Portugal : Alvorada, 1958.
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Faz da noite confidente…
A noite é sempre calada:
Escuta o que diz a gente
E nunca repete nada.
Fais de la nuit une confidente…
La nuit toujours se tait :
Elle écoute ce que dit le monde
Et jamais n’en répète rien.
Teus olhos são passarinhos
Que ainda não podem voar…
Cuidado! Que andam aos ninhos
Os rapazes do lugar…
Tes yeux sont des oisillons
Qui ne savent pas encore voler…
Fais attention aux garçons !
Car ce sont des dénicheurs…
Teus olhos, quem há que ao vê-los
Tão doces na tua face,
Não lhe apeteça comê-los
Como dois olhos de alface?
Qui, en voyant tes yeux,
Si suaves dans ton visage,
Ne voudrait les manger
Comme deux cœurs de salade ?
O Fado tem tal encanto,
Que é diverso em cada hora…
Suspira, guitarra, chora!
Cada hora tem seu pranto…
Le Fado est un tel enchantement
Qu’il est toujours différent…
Soupire, guitare, pleure !
Les heures ont chacune leur pleur…
António Feijó (1859-1917). Fado Alfacinha. Adapté de Guitarra, dans : Novas Bailatas (1926, posthume).
.António Feijó (1859-1917). Fado Alfacinha, traduit de : Fado Alfacinha. Adapté de Guitarra, dans : Novas Bailatas (1926, posthume) par L. & L.
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